Dans l'organisation vie de famille / vie professionnelle, je demande la mère qui travaille en freelance. Beaucoup de femmes, au moment où elles ont des enfants, réorganisent de gré ou de force leur vie professionnelle et adoptent un statut de freelance, d'auto-entrepreneur afin d'être au plus près de leurs enfants et de bénéficier d'une plus grande facilité - a priori - d'organisation. Mais cela n'empêche pas les pétages de plomb ou la sensation de se noyer sous les engagements divers et variés.
J'ai longtemps travaillé comme journaliste pigiste. J'adaptais mes horaires de travail aux horaires de l'école et/ou à ceux fixés avec la nounou de mes enfants. Je m'étais dégagée le mercredi et avais trouvé, bon an mal an, une organisation de mes journées que je jugeai satisfaisante. Mais pour parvenir à cet équilibre, il m'avait fallu m'astreindre à une certaine discipline : ne pas se laisser envahir par les corvées ménagères, ne pas accepter trop de commandes d'articles, etc. Les pigistes étant des journalistes qui collaborent à plusieurs publications à la fois, ces dernières n'ayant pas les mêmes rythmes de parution, les mêmes dates de bouclage, les mêmes degrés d'exigence, les mêmes types de contenu, il faut savoir dire non aux commandes excessives sans se fermer de portes pour autant. Aujourd'hui, les médias français ont une certaine tendance à développer leur recours aux journalistes pigistes et ceux qui se lancent dans cette aventure tout en choisissant de fonder une famille se retrouvent face à ce dilemme : comment je m'organise ? Comment je fixe mes priorités ? Quelle rigidité dois-je imposer à mon quotidien ?
"Comment faites-vous pour survivre au stress boulot/maison/enfants ?" demande cette pigiste qui peine à trouver son équilibre. Ce à quoi cette autre raconte son expérience : "Dans les premières années, mes pauses déjeuner se déroulaient devant le PC pour absorber la charge de travail, mais je n'étais pas contre une petite pause pour aller faire tourner une machine..." Une autre mère dit se caler sur les horaires de l'école. "Donc à bien y regarder, je ne bosse que 24 heures par semaine", admet-elle. Et d'ajouter : "Je vois ça comme une période, qui un jour pourra prendre fin. Mais cet équilibre me convient, sauf pour le porte-monnaie."
La notion de travailleur freelance laisse penser une activité véritablement libre, sans tellement de contraintes. On imagine presque une vie de dilettante, une existence à l'organisation tout sauf carrée. Mais c'est pourtant bien l'inverse qui s'impose à ceux qui en font le choix. S'ils ne se fixent pas de limites, alors ils foncent droit dans le mur. Et c'est bien parce qu'ils ont conscience de ce danger qu'ils se posent ces questions : j'ai choisi de travailler ainsi pour être au plus près de ma famille, plus disponible pour mes enfants. Mais je ne veux pas renoncer à ma vie professionnelle. Comment puis-je concilier les deux ? Que dire à cette personne que je souhaite interviewer et qui n'est disponible pour cela qu'à 18h, heure à laquelle les enfants seront rentrés de l'école ? Est-ce que je fais cette interview avec les enfants dans les pattes ou est-ce que je trouve un subterfuge pour décaler l'entretien ? Qu'est-ce qui prime ?
Concilier sa vie professionnelle et sa vie privée et familiale est un enjeu primordial, un cheminement intellectuel à requestionner régulièrement. Les priorités de la vie diffèrent d'une année à l'autre et ce qui valait et fonctionnait bien à un certain moment est appelé à être revu et modifié. La vie n'est pas figée et la réflexion doit être sinon constante, au moins régulière.
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