Séverine est mère de deux enfants. Le premier est né il y a six ans. Entre-temps, Séverine a changé de compagnon et a donné naissance il y a quelques semaines à son second bébé. D'ici peu, il lui faudra retourner travailler. Son aîné va à l'école, elle a trouvé une assistante maternelle pour le second et elle peut compter sur son entourage pour veiller au grain autant que de besoin. Ses parents habitent tout près et son conjoint a un emploi qui lui permet de se libérer facilement en journée.
Néanmoins, c'est le stress. Séverine commence à angoisser. Passer l'essentiel de ses journées sans ses enfants la tétanise. Et puis elle a toujours été stressée. Même si tout est carré, organisé, qu'elle n'est pas seule, elle commence à appréhender sérieusement le retour au bureau.
Il faut dire que, désireuse que ses enfants soient heureux en continu, elle ne se facilite pas la vie. Elle scrute les menus de la cantine et vient chercher son aîné pour déjeuner les jours où il risque de bouder son assiette, elle se plie en quatre pour que tout le monde ait ce dont il a besoin quand il en a besoin. Séverine est ainsi.
Fatiguée, elle s'exclame : "J'ai toujours mal dormi". Elle se réveille la nuit au moindre petit bruit dans l'appartement. D'autant que son conjoint n'a pas l'oreille très sensible la nuit et n'entend pas systématiquement les enfants pleurer. Alors Séverine est aux abois. Elle se met à réfléchir... un peu trop. Elle pense à plein de trucs : la destination des futures vacances, l'association de parents d'élèves qu'elle a l'intention de rejoindre, la chambre des enfants qu'il faudrait réorganiser, les dossiers qui doivent l'attendre au bureau.
Elle se demande parfois comment font celles et ceux qui parviennent à ne pas se prendre la tête. "Facile, répond Véronique. Je ne regarde jamais les menus de la cantine. De toutes façons, je travaille trop loin, je ne pourrais pas venir récupérer mes enfants le midi. Comme ça, c'est réglé". Le ménage ? "Ce qui ne se fait pas aujourd'hui se fera demain, pas grave".
Concilier sa vie de famille et sa vie professionnelle, c'est aussi cela : parvenir à prioriser, à définir ce qui est important et ce qui ne l'est pas, ce qui justifie que l'on se prenne la tête et ce qui est sans conséquences, ce qui est urgent et ce qui peut attendre. Mais quand on a la tête dans le guidon, on ne réalise pas nécessairement qu'il serait bon de prendre un peu de recul, de lâcher du lest. Concilier sa vie de famille et sa vie professionnelle, c'est aussi apprendre à relativiser.
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