lundi 10 septembre 2018

Mères au bureau / mères à la maison : quand Elle remet dix balles dans le nourrain !

De façon plus ou moins régulière, des études sont publiées qui montrent à quel point être mère de famille est fatiguant. Il y a quelques mois, une enquête américaine établissait même qu'être mère au foyer équivalait à cumuler deux emplois et demi. Le magazine féminin Elle avait publié un article à ce sujet (lire ici : Etre mère serait aussi fatigant que cumuler plus de deux jobs ). Papier que la rédaction a choisi de remettre en avant ce week-end sur la page Facebook du magazine. Partagé près de 400 fois, il a été relu par un bon millier de personnes.

Pour une fois, j'ai jeté un œil aux commentaires. S'y affrontent des personnes aux idées très arrêtées, voire caricaturales. Yolande, aujourd'hui grand-mère, se souvient de ses années passées à élever ses enfants : "Moi, j'ai adoré rester à la maison pour élever mes quatre enfants. Financièrement, c était compliqué, il fallait être très raisonnable, mais si c'était à refaire, je n'hésiterais pas un seul instant : je le referais". De la même génération, Nicole rappelle qu'alors, les choses étaient ainsi : "les femmes élevaient les enfants qu'elles mettaient au monde. C'était une autre vie, paisible et équilibrée quand le père et mari était à la hauteur.
Hélas...
C'est ainsi que les femmes se sont mises à travailler, pour ne pas se retrouver du jour au lendemain seule avec les enfants, dans la mouise, et plus tard avec une retraite minable qui leur permet tout juste de survivre."

Image Shutterstock


Les femmes, donc, ont pris un emploi par recherche de sécurité, de stabilité financière... Et ont éduqué leurs filles en ce sens. Isabelle écrit : "j'ai été élevée de manière telle à avoir de la fierté et aller travailler afin de ne pas devoir mendier à mon mari". Bon, on l'aura compris : Isabelle a un emploi et des enfants. Elle ajoute : "Des mères qui travaillent, on en parle ? Non, parce que certaines n'ont juste pas envie de travailler, ça, faut le dire, sous prétexte qu'elles s'occupent des enfants".

Audrey ne se fait pas prier pour exprimer sa façon de voir, engageant un vif échange avec Isabelle : "Peut-être vous faudrait-il une médaille parce que vous travaillez ? Sauf que lorsque vous travaillez, vous vous consacrez uniquement à votre travail. Quelqu'un d'autre élève vos enfants. Vous reprenez votre rôle de mère uniquement lorsque vous rentrez après le boulot. Une mère au foyer fait son travail en même temps que le vôtre, sauf qu'au lieu d'être dehors, elle est avec ses enfants. Ne soyez pas aigrie de ne pas avoir élevé vos enfants. Chacun fait comme il veut".

Sophia, mère au foyer, ajoute son grain de sel : "Ce genre de personnes - Isabelle, donc - ne comprendra jamais : c'est bien connu que nous ne faisons rien de nos journées". Sandrine, mère de deux enfants, exprime un point de vue que l'on commence à entendre de plus en souvent : "Quand je travaille, je suis moins fatiguée que quand je garde mes enfants pendant un mois. S'occuper des enfants le soir, ce n'est pas la même fatigue. Dire qu'être mère au foyer est une vie très fatigante, c'est parlant. Faut pas le prendre de travers". Céline, en congé parental, est d'accord : "Croyez-le ou non, j'ai des journées de dingue. J'aimerais pouvoir me poser plus souvent. Dans le "congé parental", le seul mot de vrai est parental".
 
Si chacune de ces femmes a un regard singulier sur la vie d'une mère, selon qu'elle a un emploi ou non, elles ont pour beaucoup en commun quelque chose qui me semble frappant : elles donnent l'impression de se justifier en permanence. C'est comme si, quel qu'est été leur choix de vie, elles exprimaient un sentiment d'imposture, de culpabilité. Coupables d'avoir choisi d'être mères au foyer. Coupables d'avoir choisi de confier la garde des enfants à des personnes dont c'est le métier pour être elles-mêmes dans le monde du travail. Et chacune exprime aussi une opposition avec les femmes ayant fait d'autres choix qu'elles. Comme s'il y avait un conflit larvé entre toutes les femmes. Comme si on ne pouvait pas se comprendre. Comme si on ne pouvait pas accepter que sa voisine ait une vision de la vie des femmes différente de la nôtre.

Enfin, dans l'article du magazine Elle tout comme dans les commentaires qui s'y rapportent sur les réseaux sociaux, quelqu'un brille par son absence. De façon évidente et écrasante. Soudain, la seule à le remarquer, semble-t-il, Raphaëlle écrit : "Les enfants se font à deux. Ils sont supposés avoir un père mais très souvent, ce sont les femmes qui se coltinent tout. Les repas, les devoirs, le linge, les visites chez le médecin, les courses, les soins à enfant malade (d'ailleurs ce sont les mères que les écoles appellent aussi en premier), ce sont elles qui se lèvent la nuit pour un cauchemar par exemple, qui interviennent dans les bagarres entre frère et sœur, j'en passe et des meilleures. Ce sont elles que l'on sollicite en permanence. Et connaître des cas particuliers où les parents partagent ces tâches ne fait pas une majorité..."           


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