Il en a plusieurs fois été question sur ce blog, pour que les femmes ayant des enfants puissent concilier aussi bien que possible leur vie professionnelle et leur vie privée, elles ont besoin de pouvoir s'appuyer sur leur compagnon - ou leur compagne, le cas échéant. Les hommes de la génération Y l'ont bien compris qui s'investissent de plus en plus auprès des enfants et plus largement, dans les responsabilités du foyer (lire ou relire : Congé paternité : le souffle nouveau de la génération Y ). Mais qu'en est-il des pères des générations précédentes ? Comment se comportaient-ils ? Quel genre de pères étaient-ils ? Que retiennent d'eux leurs enfants ?
Sur Twitter, le compte humoristique "Questions Trapenard" - compte non officiel qui pose des questions à la manière du journaliste radio Augustin Trapenard - vient de lâcher un pavé dans la mare. Il posait hier cette question-là : "Quel genre de père est-ce que vous avez eu, vous ?" Evidemment, les réponses des internautes ne sont en rien représentatifs de la société française et il y a sans doute un biais de taille. Il est vraisemblable que les "twittos" ayant eu un père à peu près dans les clous n'ont pas été tentés de répondre. Mais quand même, les réponses font froid dans le dos. Comme à mon habitude quand je cite les réseaux sociaux, je ne corrige ni l'orthographe ni la grammaire et cette fois, parce que je trouve la liste des réponses globalement effrayante, je copie-colle tous les tweets.
Donc, à la question "Quel genre de père vous avez eu, vous ?", voici ce que les internautes répondent :
- intellectuel et maladroit
- fantasmé... je l'ai très peu connu malheureusement
- alcoolique, violent... bref un mec a oublier
- aimant, intelligent, cultivé et câlin... parti trop tôt...
- celui de la chanson "mon vieux"... avec une pointe de Raimu
- j'ai pas eu le temps de voir, le petit crabe l'a emporté, j'avais 5 ans
- un mort
- un absent
- jamais vu
- absent
- le meilleur
- un con égoïste raciste que j'aime malgré tout
- réservé, intelligent, cultivé, exigeant, dur et aimant. Écorché aussi donc difficile à vivre
- un travailleur social intellectuel et acharné au surmoi sur-développé
- un très bon
- masculin
- ma mère
- un père sévère mais un père siffleur aussi
- d'une méchanceté rare sans jamais avoir levé la main sur moi. Le pire c'est de ne jamais avoir existé à ses yeux.
- Tu veux finir par te suicider ? Non ! alors je me tais...
- le meilleur qui soit
- droit et grand, aussi bien par la taille que par les valeurs. Paradoxalement très folklorique
- bienveillant. Travaillant beaucoup donc trop absent
- dynamique
- plutôt absent, tourné vers les autres, autres que ses enfants. Le costume de "père" surement trop grand, mais une vraie compassion pour des personnes davantage en difficulté. Et c'est son cœur qui l'a lâché le premier. Mon père, cet inconnu.
Parmi ces réponses, dans la majorité des cas donc, les pères sont complètement passés à côté de l'enjeu. Ca fait froid dans le dos. Et c'est vraisemblablement la raison pour laquelle la personne qui se cache derrière ce "Questions Trapenard" a dans la foulée posé la question "Votre mère, quelle femme est-ce qu'elle était?". Voici les réponses :
- elle était tout ce qu'une femme peut être, mais elle a surtout été une guerrière. Pour sa famille, pour les autres, et pour elle-même, quand elle s'est battue durant 7 ans contre un cancer qui devait la battre en quelques semaines. Lucie. Lumière de nos existences.
- veuve à 35 ans avec 6 gosses , un femme avec un trés fort caractère jusqu’à la fin .
- une pervers narcissique
- Elle est toujours une sacrée Ritale. Tendre, forte, avec du caractère, un magnifique sourire et un cœur gros comme ça
- Elle n'était pas, elle est. Une artiste peintre-graveuse de grand talent et au cœur d'or, peu sûre d'elle et qui aurait sûrement connu une notoriété bien plus importante si elle avait été un homme.
- une génie triste
- une battante qui aujourd'hui déteste se voir vieillir
- une femme forte et fragile à la fois
- elle était tout
- une battante
- un mystère
- trop réservée, trop soumise. Paix à son âme
- Une épouse pas une mère, intelligente ça oui. Et néanmoins raciste
- Aucun instinct maternel car a bien morflé dans son enfance. Pas affectueuse du tout. Mais qui sait montrer son amour par la nourriture. La meilleure cuisinière du monde à mes yeux
- je sais pas putain si j'essaye de répondre sincèrement je sens mon eczéma qui revient
- Une artiste de talent
Une épouse passionnée Une enfant gâtée Par ses parents d'abordPar son mari ensuitePas faite pour être mère Toujours autant à côté de la réalitéVoilà qui donne à réfléchir. Et vous, quelle image de vous vous souhaiteriez que vos enfants emportent ?
Lire aussi :
- Où il est question du devoir des pères à être là
- A quoi ça sert une maman ?
- Bad mum ou happy mama : quel genre de maman êtes-vous ?
J'aimerais être une mère "à la bonne distance" : aimante mais pas étouffante, présente quand ils en ont besoin mais qui ne les empêche pas d'aller explorer le vaste monde. J'aimerais être celle qui encourage, qui console, qui voit toujours le meilleur en eux et qui le leur montre (sans demander où sont les points qui manquent). Comme dirait Winnicott, être le rocher sur lequel ils peuvent s'accrocher et contre lequel taper. Etre prête à tout pour eux tout en étant si heureuse de travailler et d'aller au théâtre ou voir une expo quand ils ne sont pas là. Celle qui a toujours dans son sac un livre sur le sujet qui les intéresse. Celle qui leur a fabriqué de beaux souvenirs d'enfance, pour construire un socle à partir duquel s'envoler. Celle qui les aime comme ils sont et les respecte, quels que soient leurs choix. Celle qui, comme dans la chanson de Reggiani, les retrouvera pour leur 20 ans : "on s'est quitté parents, on se retrouve amis, ce sera mieux qu'avant, je n'aurais pas vieilli". Celle qui leur dira le jour de leur mariage "j'aime l'homme que tu es devenu". Et peut-être qu'il restera aussi au fond de leur mémoire le souvenir des chansons que je chantais pour les endormir...
RépondreSupprimer"La bonne distance", l'éternel sujet. Quelle est-elle cette bonne distance ? Comment la jauger ? Difficile là encore de la déterminer...
SupprimerMagnifique déclaration que la vôtre en tout cas, chère anonyme ;-)
J'ai oublié de signer mais les points qui manquent t'ont sans doute donné un indice ;-)) Bon courage à tous les parents. Virginie
RépondreSupprimerIl y avait plusieurs indices qui, mis au bout les uns des autres, m'ont mise sur la voie, outre les points qui manquent : "quand ils ne sont pas là", Reggiani, les chansons avant de s'endormir...
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