vendredi 13 septembre 2019

"J'étais en train de devenir quelqu'un qui n'était pas moi"

Décider de concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelle et intime, c'est faire des choix. C'est le faire de façon volontaire et décidée ou se laisser porter par les impératifs du moment, qu'ils soient financiers ou autres. Mais tout le monde n'invente pas sa vie de cette façon. Certains font le choix, un jour, de tout bousculer. C'est ce qui est arrivé à Anaïs Vanel. Son histoire, je viens de la découvrir par hasard, grâce au media en ligne Les déviations qui raconte les expériences de gens qui ont changé de vie, plus ou moins brutalement.

Anaïs Vanel est éditrice. Au fil des années, elle réalise que la vie parisienne n'est pas pour elle. Elle réussit, elle a construit une carrière intéressante mais à 32 ans, elle réagit : non, ce n'est pas la vie dont elle avait envie. Très sollicitée, trop sollicitée, elle n'a jamais de temps pour elle. Soudain, elle comprend que c'est "une question de vie ou de mort". Elle mène une vie d'excès, de lutte contre son rythme naturel, contre elle-même, une vie d'abus "de café, de cigarettes, d'alcool, pour tenir..." Avec la "sensation d'être un peu le fantôme de (sa) vie", Anaïs Vanel accepte un stage de surf avec son frère dans les Landes. Elle dit avoir été littéralement bouleversée par cette expérience. Elle se reconnecte à son corps, "après avoir passé des années à ne faire fonctionner que (sa) tête". Elle se rappelle qu'enfant, elle rêvait d'une vie proche de la nature, une vie plus sensuelle qu'intellectuelle. Le retour à Paris est compliqué. Anaïs Vanel se pose beaucoup de questions, ne trouve plus de sens à sa vie. Très vite, sans en parler à qui que ce soit de proche, elle décide de changer de vie et quitte son job et la vie parisienne. Un peu brutalement. Elle n'en a parlé à personne. "C'était un cheminement que je devais faire seule", dit-elle. Quand ils ont su, ses proches ont pensé qu'elle était folle, que c'était une crise temporaire, qu'elle reviendrait. "J'étais en train de devenir quelqu'un qui n'était pas moi et que, vu de l'extérieur, j'aurais pu détester".

Anaïs Vanel -


"Un jour, j'ai acheté un Berlingo. J'ai mis quelques cartons dans le coffre et je suis partie. J'ai pris la route comme ça". Ce sont les premières phrases de son récit, "Tout quitter", qui sort chez Flammarion dans quelques jours. Parce que si ce craquage n'avait pas été prémédité, très vite, Anaïs Vanel a compris qu'il fallait qu'elle raconte cette expérience, qu'elle écrive. C'était sa seule certitude. Que fera-t-elle ensuite, elle ne le sait pas et c'est très bien comme ça. "Si on a un plan B, le cerveau se repose", elle en est persuadée. "Il faut s'offrir l'ivresse d'un nouveau monde et se laisse conquérir par lui", déclame-t-elle aussi.



Entre vertige et excitation, Anaïs Vanel a donc tiré un trait sur sa vie d'avant, s'est installée à Hossegor où elle ne connaissait personne, s'est mise assidûment au surf et en a fini avec "ce toujours plus" qui l'assommait et l'écrasait dans sa vie d'avant. Avant de quitter Paris, elle s'est séparée de tous ses livres. "Je n'ai pas fait le vide, j'ai l'impression d'avoir fait le plein", assure encore celle qui se dit sereine désormais. "Toutes les décisions que l'on prend d'un endroit où on a peur ne sont pas bonnes pour nous. Je n'ai plus envie de me laisser guider par mes peurs".


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