lundi 25 mars 2019

Egalité femmes-hommes : où en est-on de la grande cause nationale ?

On ne peut pas réfléchir à la question de la place des femmes dans la société sans en passer par un suivi de ce qui se passe dans le cadre de la grande cause nationale, l'égalité femmes-hommes. Alors, on surveille de près la secrétaire d'Etat en charge du sujet, à savoir Marlène Schiappa. Longtemps, j'ai tenu ma langue la concernant. Hurler avec les loups n'est pas mon fonds de commerce. Je la connaissais avant son arrivée au gouvernement, je la suivais de loin depuis plusieurs années et j'avais un peu forgé mon opinion avant qu'elle ne soit nommée par Emmanuel Macron. Je me suis alors attachée à mettre de côté mes a priori, à "laisser sa chance au produit". J'ai guetté, patienté, lu, observé la secrétaire d'Etat. Deux ou trois choses intéressantes ont été mises en place depuis 2017, quelques pistes ébauchées. Mais au fond, qu'est-ce qui a concrètement changé dans la vie des femmes françaises depuis deux ans ? Fondamentalement ? Dans leur quotidien ? 

Dans le domaine de l'égalité dans le monde du travail, on n'en est qu'aux balbutiements, et encore cela s'est passé via le texte de loi porté par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud et non via Marlène Schiappa. Sur le dossier des violences faites aux femmes, si les dénonciations se font plus nombreuses, cela a plus à voir avec les répercussions du mouvement #MeToo qu'avec la loi sur le harcèlement de rue que la secrétaire d'Etat a porté l'an passé. De même, il aura fallu que des femmes prennent la parole depuis le début du mouvement des Gilets jaunes pour que Marlène Schiappa réalise qu'il y a un problème fréquent de non versement des pensions alimentaires. Il aura fallu que d'autres s'élèvent sur la question du coût des protections hygiéniques pour qu'elle s'empare de la question...



Indéniablement, Marlène Schiappa suit le mouvement. Elle s'exprime beaucoup, sur tout, y compris ce qui dépasse son champ de compétences, elle entend manifestement les problèmes des femmes,  mais quelle révolution initie-t-elle ? Qu'est-ce qui est à mettre à son crédit depuis deux ans qu'elle est membre du gouvernement ?

Secrétaire d'Etat depuis deux ans donc, elle n'en a pas moins publié quatre livres sur cette même période : "La culture du viol", "le 2ème sexe de la démocratie", "Si souvent éloignée de vous : lettres à mes filles", en 2018. Et là, le tout frais "Une et indivisible" vient de sortir. Un ouvrage dont elle fait la promotion ardente sur tous les plateaux de télé. Ce week-end, sur le plateau de Thierry Ardisson, la journaliste Natacha Polony a fait remarquer à Marlène Schiappa qu'étant au gouvernement, on n'attend pas d'elle qu'elle écrive et fasse le constat de l'état de la France mais bien qu'elle agisse, qu'elle prenne des décisions, étant en position de changer ledit état de la France. Etant aux manettes, qui mieux qu'elle peut contribuer à ce que les choses changent ? Marlène Schiappa affirme que par ses livres, elle cherche à participer au débat d'idées. A-t-elle seulement compris qu'un membre du gouvernement n'est pas nommé pour avancer ses idées mais pour agir ?

Par ailleurs, quand bien même assure-t-elle être constamment dans l'action, peu dormir, etc, on est en droit de se demander quand elle trouve le temps d'écrire. Quatre livres en moins de deux ans, le tout en étant à la tête d'un secrétariat d'Etat supposé porter la grande cause nationale du mandat du président de la République, élue municipale dans la ville du Mans et en charge du débat des idées au sein de LREM. La secrétaire d'Etat fait en outre campagne en faveur de la candidature de Benjamin Griveaux à la mairie de Paris. Elle est aussi énormément intervenue dans le cadre du grand débat de ces dernières semaines, y compris sur le plateau de Cyril Hanouna. Quid de l'égalité entre les femmes et les hommes au milieu de tout cela ? Il s'agit pourtant de son cheval de bataille.

Le mois dernier, la secrétaire d'Etat se voyait décerner le prix de la révélation politique de l'année par le Trombinoscope, l'annuaire professionnel du monde politique. Elle voyait dans ce prix "un encouragement à défendre encore et toujours les valeurs de la république". Dont acte. Mais l'égalité entre les femmes et les hommes dans tout ça ? Que fait-elle sur ce sujet ? Inutile d'aller sur le site internet de son ministère pour le savoir. Son agenda n'a pas été mis à jour depuis le 10 janvier dernier, son dernier communiqué de presse date du 12 mars...

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