vendredi 21 septembre 2018

Injonctions de la société : la révolution du soutif à petits pas

Quelque chose m'échappe...
Depuis deux ou trois ans je dirais, un mouvement d'émancipation mammaire s'opère. Il n'est plus rare de tomber sur des témoignages de femmes qui balancent qu'elles en ont ras le bol de porter des soutiens-gorge, que ce truc a forcément été conçu par des hommes pour être aussi barbare... 
Les seins se libèrent. Adieu baleines et armatures blessantes. Vive le port du soutien-gorge libre et assumé, stop au conditionnement façon : "t'as des seins, tu portes un soutif. Point"
"Couvrez ce sein que je ne saurais voir". Tartuffe, ça remonte au XVIIè siècle, quand même...

Bref. A mesure que des femmes osent assumer leur volonté de se libérer du soutien-gorge, et/ou de ne le porter que quand ça les arrange, les marques de vêtements et sous-vêtements se reportent sur... les petites filles.

Le travail de l'illustratrice Lise Desportes est à retrouver ici : Lili aime le nougat


Si cela vous avait échappé, dès huit ans, un nombre croissant de petites filles portent des brassières. On n'en est pas aux armatures métalliques, certes. Mais alors qu'à cet âge-là, elles n'ont généralement pas débuté leur transformation physique, ces petits êtres sont happés par le marketing qui ne fait rien d'autre, finalement, que d'hypersexualiser ces enfants. Leur faire porter des brassières, c'est leur dire : tu es une femme. Le genre auquel tu appartiens t'impose de camoufler tes attributs. On ne leur fait pas porter ces brassières parce que c'est confortable ou vraiment utile à cet âge-là, on les leur fait porter pour cacher leurs seins à venir, parce qu'il ne faut pas tenter le diable. Et même si elles n'ont pas encore de seins, qu'importe. Elles doivent masquer ce que l'homme est incapable de ne pas regarder. A nouveau, l'homme n'étant pas en mesure semble-t-il de retenir ses pulsions, c'est au genre féminin qu'incombe la responsabilité du sujet.

Qui plus est, en "équipant" les petites filles de brassières, on les enferme dans un carcan délirant, on les assigne à nouveau, on les étiquette. On leur dit : "tes seins sont un objet de désir, tu dois les cacher". Elles ont huit ans, bordel.

Evidemment, les effets de groupe aidant, quand une ou deux petites filles portent des brassières, c'est toute la bande de copines qui veut en faire autant, qui en bave d'envie, parce que d'un coup, porter une brassière, c'est être grande. Et je veux bien parier qu'une petite fille qui aurait un début de nichons et ne porterait pas de brassière serait, elle, montrée du doigt, parce qu'échappant au conditionnement sociétal. Tout ça pour ensuite être abreuvés de discours convenus autour de la nécessité pour les enfants de se sentir bien dans leur corps. Comment le pourraient-ils, si au plus tôt de leur existence, on leur incombe des codes ainsi martelés ?

Je ne dis pas qu'aucune petite fille n'a besoin de brassière - certaines ont des pubertés précoces et porter des brassières les soulage. Mais elles sont heureusement l'exception, pas la règle. 

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