lundi 11 janvier 2021

Les femmes, grandes oubliées de l'Histoire

Parmi les sujets qui m'intéressent, figure la généalogie. J'aime l'idée de partir à la recherche de mes ancêtres, d'essayer de mesurer d'où je viens, quels chemins mes aïeux ont parcouru, quelle était leur vie. A ce stade, hormis les déplacements géographiques, je ne tombe pas des nues devant ce que je découvre. De siècle en siècle, mes ancêtres étaient majoritairement cultivateurs. Pas très varié.

Cet été, au détour d'une conversation avec une femme sur ce sujet, elle me dit qu'elle ne voit pas l'intérêt de la généalogie, qu'elle est en revenue, que pour elle, c'est surtout une vaste hypocrisie, étant entendu que nous portons tous le nom de famille de l'homme qui nous a reconnu.e.s, mais qu'au fond, on n'est jamais sûr que cet homme soit bel et bien notre père. En faisant nos arbres généalogiques, on retrace donc, selon cette femme, des lignées de noms, mais on n'écrit pas avec certitude notre histoire génétique. Évidemment, elle a raison. Si c'est l'histoire de nos gênes que l'on cherche à établir, il y a forcément des erreurs.

Archives personnelles
 

Mon regard est différent. Au fond, les noms m'importent peu. Ce sont les parcours qui m'émeuvent et m'intéressent. D'où venaient mes ancêtres, comment était composée leur famille, quel travail exerçaient-ils,...? Et si je suis remontée pour certaines branches de ma famille autour de la Révolution française, il y a des questions auxquelles je ne parviens pas à répondre. Je ne sais par exemple même pas comment et où mes grands-parents se sont rencontrés. Ils habitaient la même région, étaient issus de familles de cultivateurs tous deux mais habitaient tout de même à plusieurs dizaines de kilomètres l'un de l'autre. Plus que la quantité d'informations sur mes aïeux, c'est la qualité de ces informations qui m'importe, le degré de précision. Les chemins parcourus me semblent revêtir un intérêt majeur. Alors, je multiplie les sources d'informations, je parcours des dizaines de documents et je manque de m'étrangler quand, sur les recensements de population, les hommes sont désignés comme les chefs de famille et les femmes sont qualifiées d'"épouse du chef de famille". De même, les actes d'état civil sont souvent bien pauvres s'agissant des femmes. S'agissant de ces dernières, on omet facilement tout un tas d'indications : leur profession, leur âge, leur filiation sont souvent manquants dans les actes de naissance de leurs enfants, alors que le pedigree complet du père de famille fait l'objet de toutes les attentions. 

Avec nos yeux d'aujourd'hui, difficile de ne pas mesurer combien les femmes ont été effacées de l'Histoire, difficile de ne pas réaliser qu'on a masqué la moitié de la population, difficile de ne pas considérer que les femmes étaient réduites à leur ventre, seul capable de permettre la continuité de la lignée. On a coutume de dire que les grandes femmes de l'Histoire ont été oubliées, systématiquement placées au second rang, derrière les hommes, que ce soit dans les domaines artistiques ou scientifiques par exemple. Mais il en était de même pour toutes les femmes, quel que soit leur niveau d'éducation ou de fortune. 


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