mardi 13 février 2018

Orelsan, la violence et la planche à billets

12 800, c'est le nombre de personnes qui, ce mardi 12 février à la mi-journée ont déjà signé une pétition demandant l'annulation des victoires de la musique reçues par le rappeur Orelsan ce week-end (la pétition est à signer ici : change.org). Album de musiques urbaines de l'année, artiste masculin de l'année, création audiovisuelle de l'année, Orelsan a gagné sur tous les tableaux. 

Oui mais voilà, Orelsan, ce n'est pas juste un rappeur dans le vent. C'est aussi un gars tristement mysogyne qui, en 2009, écrivait ceci :

"J’vais la limer jusqu’à c’qu’elle soit couchée et qu’elle voit des clochettes"
"Mais ferme ta gueule ou tu vas t’faire Marie-Trintignier"
"J’te l’dis gentiment, j’suis pas là pour faire des sentiments
J’suis là pour te mettre 21 centimètres"
"Tu seras ma petite chienne et je serai ton gentil maître"

Je vous épargne la suite.
A l'époque, des associations féministes avaient porté plainte. Mais il y a un an, la cour d'appel de Versailles avait relaxé le rappeur, considérant que "le domaine de la création artistique parce qu’il est le fruit de l’imaginaire du créateur est soumis à un régime de liberté renforcée". Au pays de la liberté d'expression, impossible de censurer les auteurs.

Photo AFP

Le rappeur aurait pu s'en tirer à bon compte s'il avait pris la mesure de l'émotion suscitée par ces textes si violents, s'il avait publié des excuses, fait son mea culpa, demandé à ce que l'on tire un trait sur ses textes passés pour se consacrer à son dernier album sans a priori. Au lieu de quoi il prétend simplement qu'il est "conscient" que ses textes puissent "heurter" mais considère que les féministes sont "déconnectées de la culture des jeunes". Il assume, persiste et signe donc. La culture des jeunes consisterait-elle à considérer les femmes comme des chiennes à qui l'on peut faire subir des violences de la sorte ? Dans son esprit, il semble que oui.

En 2018, en pleine tourmente internationale autour des violences faites aux femmes, les professionnels du secteur de la musique, en France, décident donc de dérouler le tapis rouge devant un type qui fait de la violence faite aux femmes son fonds de commerce. Ceux qui sont capables de faire et défaire des carrières misent sur un type comme lui, ils le jugent suffisamment "bankable" pour occulter ce qu'il représente vraiment. Ils ne voient que la tête de gondole.

Lire aussi :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire