mardi 23 juin 2020

Vivre et mourir, pleurer et rire


Que savez-vous de Blandine de Caunes ? "De Caunes, penserez-vous, comme Antoine et Georges ?!" Gagné. Comme Antoine et Georges. Blandine est la fille du journaliste Georges de Caunes et la demi-soeur d'Antoine. Mais elle est aussi - et surtout - la fille de Benoîte Groult, journaliste, auteure, femme de culture, femme moderne et féministe.

Décédée en juin 2016, il y a tout juste quatre ans, Benoîte Groult souffrait de la maladie d'Alzheimer. Après avoir raconté sa vie entière dans ses livres, elle n'était pas en mesure d'en écrire la fin. Sa fille Blandine a décidé de le faire pour elle. A mesure que sa mère sombrait dans la maladie et devenait sénile, Blandine raconte. Mais elle ne se contente pas de narrer la déchéance - tant physique qu'intellectuelle - dans laquelle se trouve Benoîte, elle raconte aussi ce que c'est que de perdre sa mère peu à peu, de l'accompagner dans cette spirale infernale. Elle explique avec force détails que si l'on se prépare à perdre ses parents un jour, on ne s'imagine pas inverser les rôles et devoir veiller sur eux comme sur de jeunes enfants.

Blandine de Caunes, Benoîte Groult et Violette


Elle raconte sa relation avec sa mère et, en parallèle, sa façon à elle, Blandine, d'être mère. Car il est aussi énormément question de Violette, la fille unique de Blandine de Caunes, dans ce récit. Par la force des choses, Blandine a du associer l'histoire de Violette à celle de Benoîte car, moins de trois mois avant le décès de Benoîte Groult, survient celui de Violette, dans un accident de la route. A la mort de Benoîte à laquelle Blandine se préparait depuis longtemps, s'ajoute celle de Violette, imprévisible. Plus exactement, la disparition de Violette et le chagrin incommensurable qui en découle vient supplanter la douleur liée au décès qui s'annonce de Benoîte. Le décès de Violette est une tragédie, celui de Benoîte un soulagement.



"La mère morte" est le récit de ce double décès, il conte la douleur, le chagrin, la maladie, le prévisible et l'imprévisible, et il est tout à la fois une ode à la maternité et aux relations mère-fille, une histoire d'amour familial intense entre ces femmes soudées. A cela s'ajoute un style littéraire léger, on ne sombre pas dans le pathos, on rit (on verse quand même quelques larmes). Le champagne coule à flots, les références littéraires et culturelles sont légion, sans que ce soit ampoulé, on voyage à travers la France. Et l'on souffre avec Blandine, entourée de fantômes. Blandine qui, bien que le sort se soit acharné sur elle, singulièrement en cette année 2016, fait le choix de la vie, qu'elle qualifie de "belle garce".

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