Depuis
les années 70, les femmes ont les moyens de maîtriser leur reproduction. Mais
avec ce nouveau « pouvoir », devenir mère s’accompagne de nouveaux
devoirs, ainsi que le souligne la philosophe Elisabeth Badinter dans son ouvrage « Le
conflit – la femme et la mère »[1]. En effet, explique-t-elle, dès lors que la femme « choisit » de devenir
mère, elle s’engage, elle accepte des devoirs à l’égard de son enfant. Car
observe-t-elle judicieusement, « dans une société où le « moi
d’abord » est érigé en principe, la maternité est un défi, voire une
contradiction. Ce qui est légitime pour une femme non-mère ne l’est plus quand
l’enfant paraît. Le souci de soi doit céder la place à l’oubli de soi et au
« je veux tout » succède le « je lui dois tout ». Elle précise : « dès lors que l’on choisit de mettre un enfant au monde pour son plaisir,
on parle moins de don que de dette. Du don de la vie de jadis, on est passé à
une dette infinie à l’égard de celui que ni Dieu ni la nature ne nous impose
plus et qui saura bien vous rappeler un jour qu’il n’a pas demandé à
naître ».
Choisir de faire un enfant, désormais, revêt donc des conséquences qui n'existaient pas hier. La responsabilité des parents, aujourd'hui, est plus lourde de sens que par le passé, quand devenir parent était encore vécu comme quelque chose que la nature vous imposait. Depuis 40 ans, en France, la Nature ne vous impose plus de devenir parent, vous avez la possibilité de ne pas l'être. Si vous devenez parent, alors vous devez en assumer la responsabilité psychologiquement, philosophiquement, etc. Ainsi, une forme d'exigence inédite s'est créée autour de la parentalité, implicitement. Sans ériger l'enfant en souverain, il s'agit de développer une conscience pleine et entière de ce qu'implique le choix de devenir parents.
Lire aussi :
[1]
Elizabeth Badinter – Le conflit – la femme et la mère – Editions Flammarion,
2010 – ISBN : 978-2-253-15755-7
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