mardi 20 juin 2017

Maternité : voir le verre à moitié plein

Hier, quand je suis allée chercher ma petite dernière à la sortie de l'école maternelle, son institutrice m'a félicitée : ma fille lui avait raconté que j'étais enceinte. Evidemment, j'ai ri. Avec trois enfants, j'estime que ça suffit bien comme ça. Donc non, je ne suis pas enceinte et je ne l'envisage même pas dans mes rêves les plus fous. 

Et puis l'anecdote a fait son chemin et j'ai repensé à ma grand-mère. Entre 1948 et 1966, elle a eu 14 enfants : 7 garçons, 7 filles et parmi eux, à deux reprises, des jumeaux. Depuis que je suis enfant, quand j'en parle autour de moi, je constate des réactions allant du fou rire à presque l'écoeurement. Les gens ne comprennent pas. Mais si l'on se penche un peu sur l'histoire, la pilule contraceptive n'a été autorisée en France qu'en 1967 et l'avortement n'a été légalisé qu'en 1975. Trop tard pour ma grand-mère qui, manifestement très féconde, a eu parfois l'audace de dire que si elle avait eu accès à une méthode contraceptive, elle n'aurait pas eu tous ses enfants.

Cette audace a parfois heurté ses enfants les plus jeunes et on peut aisément le comprendre : dire cela, c'est sous-entendre que ces enfants n'ont pas été désirés. Pour eux, c'est un crève-coeur. Cependant "pas désirés", ça ne veut pas dire "pas aimés", ni "pas choyés". Ils ont été aimés, on a pris soin d'eux comme de leurs aînés. Mais comment pouvaient-ils un seul instant croire, en pleine conscience, que mes grands-parents avaient voulu ces 14 enfants ? Impossible ! Impensable !

Aujourd'hui, la vie des femmes n'a plus rien à voir. Il y a deux ans, une amie m'écrivait : "Nous pouvons voir le verre à moitié plein. Contrairement à nos grands-mères, nous avons eu le nombre d'enfants que nous souhaitions avoir, au moment de notre vie où nous souhaitions les avoir. Nous sommes équipées de lave-linge et de lave-vaisselle... Nous sommes aussi mieux armées pour combattre la pression sociale et répondre aux critiques qui pourraient fuser, ou au moins ne pas nous laisser trop atteindre".




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