lundi 26 mars 2018

Naomi Wadler, une militante de 11 ans

Retenez ce visage :


Dans la série rôle-modèle, cette petite fille de onze ans pourrait bien devenir tout un symbole. Ce week-end, elle participait à March for our lives, une manifestation contre les armes à feu, organisée dans plusieurs villes aux Etats-Unis. Devant des milliers de personnes, elle a prononcé un discours  étonnant pour une enfant de son âge, un discours politique. Acclamée par la foule, elle est allée au bout de son propos, sans hésitation, sûre d'elle et de la justesse de ses idées.



Pour les non-anglophones, voici la traduction par mes soins - donc perfectible - de son discours :

"Je m'appelle Naomi et j'ai 11 ans. Mon ami Carter et moi avons mené une manifestation dans notre école le 14 mars dernier. Nous sommes sortis pendant 18 minutes, plus une minute en mémoire de Courtlin Arrington, une fille afro-américaine qui a été victime de violence par arme à feu dans son école, en Alabama, juste après la fusillade de Parkland. Je suis ici aujourd'hui pour représenter Courtlin Arrington. Je suis ici aujourd'hui pour représenter Hadiya Pendleton. Je suis ici aujourd'hui pour représenter Taiyania Thompson qui, à 16 ans, a été tuée chez elle, ici, à Washington.
Je suis ici aujourd'hui pour faire connaître et représenter les filles afro-américaines dont les histoires ne font pas la une des quotidiens nationaux, ou l'ouverture des journaux télé du soir.

Je représente les femmes afro-américaines victimes des violences par armes à feu, qui ne sont que des statistiques, au lieu d'être de belles filles pleines de potentiel.
J'ai la chance d'être ici aujourd'hui. J'ai évidemment beaucoup de chance. Ma voix a été entendue. Je suis là pour faire connaître leurs histoires, pour dire qu'elles comptent, pour dire leurs noms parce que je le peux. Et parce qu'on me l'a demandé.
 Pendant trop longtemps, ces noms, ces filles et femmes noires n'ont été que des numéros. Je suis là pour dire "plus jamais". Je suis là pour dire que ces filles ont de la valeur pour tout le monde.

Les gens pensent que je suis trop jeune pour avoir ces idées. On dit que je suis le pantin d'adultes anonymes. Ce n'est pas vrai. Mes amis et moi avons beau n'avoir que 11 ans, nous avons beau n'être qu'à l'école primaire. Mais nous savons. Nous savons que la vie n'est pas la même pour le tout le monde, nous savons ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. Nous savons aussi que nous sommes tout près du Capitole et qu'il ne nous reste que sept petites années avant d'avoir, nous aussi, le droit de vote. 

Je suis ici aujourd'hui pour rappeler les mots de Toni Morrison : "s'il y a un livre que tu veux lire mais qui n'a pas encore été écrit, c'est à toi de l'écrire". J'appelle tous ceux qui sont ici, tous ceux qui m'écoutent, à me rejoindre pour raconter les histoires que l'on n'a pas entendues, pour honorer la mémoire des filles et des femmes de couleur qui ont été assassinées dans de fortes proportions dans ce pays. Je demande à chacun de vous de m'aider à écrire le récit de ce monde  et à comprendre, pour que ces filles et ces femmes ne soient jamais oubliées. Merci."

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