vendredi 30 juin 2017

Simone Veil : "une conviction de femme"

"Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l'avortement". Avec ces mots, le 26 novembre 1974, la ministre de la Santé, Simone Veil, entre dans l'Histoire. Face à une Assemblée nationale quasi exclusivement composée d'hommes - elle s'excusera d'ailleurs  de partager sa "conviction de femme" devant eux - , la ministre de la Santé de Valéry Giscard d'Estaing dénonce une situation "déplorable et dramatique" et appelle les élus de la Nation à prendre leurs responsabilités en votant un texte de loi relatif à l'interruption volontaire de grossesse. "Les pouvoirs publics ne peuvent plus éluder leurs responsabilités", insiste-t-elle.



Simone Veil explique : "Lorsque des médecins, dans leurs cabinets, enfreignent la loi et le font connaître publiquement, lorsque les parquets, avant de poursuivre, sont invités à en référer dans chaque cas au ministère de la Justice, lorsque des services sociaux  d'organismes publics fournissent à des femmes en détresse les renseignements susceptibles de faciliter une interruption volontaire de grossesse, lorsque, aux mêmes fins, sont organisés ouvertement et même par charter des voyages à l'étranger, alors je dis que nous sommes dans une situation de désordre et d'anarchie qui ne peut plus continuer". Selon elle, 300 000 femmes françaises avortent chaque année. Elle fait le pari que "l'adoption du projet de loi n'aura que peu d'effets sur le niveau de la natalité en France, les avortements légaux remplaçant en fait les avortements clandestins".

Ce discours, considéré aujourd'hui comme l'un des plus marquants de l'histoire du palais Bourbon, va contribuer à asseoir la personnalité de Simone Veil. Pied à pied, elle tiendra tête aux parlementaires pendant les 3 jours de débats qui suivront ce discours. Elle ne lâchera pas prise et la loi sera adoptée le 29 novembre 1974 par 284 voix contre 189.

Ce texte, entré en vigueur en 1975, est humaniste, moderne, social et en quelque sorte, dans l'air du temps. Il fait en effet suite à la loi Neuwirth de 1967 qui légalise la contraception, au mouvement du printemps 68 et au manifeste des "343 salopes" de 1971 par lequel nombre de personnalités publiques - parmi lesquelles Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Simone de Beauvoir ou encore Antoinette Fouque, déclarent avoir avorté et réclament l'avortement libre.

Aujourd'hui, alors que Simone Veil, âgée de 89 ans, s'est éteinte, son visage envahit à nouveau la toile et les réseaux sociaux :


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