mardi 7 mai 2019

"Etre libre et indépendante, c'est dans notre tête que ça se passe"

En janvier dernier, j'évoquais ici la série documentaire Meufs qui dressait le portrait de femmes d'aujourd'hui, en France, de leurs inquiétudes, de leurs façons de vivre leur féminité, etc (lire ou relire : "Libres de leurs choix, les femmes continuent d'être jugées "). Aujourd'hui, la réalisatrice de la série, Josépha Bianca, diffuse le dernier épisode sur Youtube. Elle y filme 5 femmes âgées de 63 à 83 ans qui réagissent aux premiers épisodes et tentent de comparer ce qu'elles ont connu à ce que vivent les jeunes femmes d'aujourd'hui.

Ce qui frappe, c'est que toutes relèvent que les jeunes femmes d'aujourd'hui expriment de la peur, qu'elles ont intégré les risques qu'il y a à sortir vêtues comme ceci ou comme cela. "A mon époque, assure Nicole, on n'avait pas peur". "Si je ne me jetais pas volontairement dans la gueule du loup, il ne pouvait pas m'arriver un truc", ajoute-t-elle, assurant qu'elle n'a jamais eu peur de prendre seule le dernier métro, par exemple. Alors que dans les discours des jeunes femmes, le sentiment d'insécurité prédomine.



Était-il toutefois plus facile d'être une jeune femme il y a quarante ans ? Pas si sûr, considèrent Nicole, Jacqueline et les autres, qui rappellent que le droit à la contraception et à l'avortement n'est pas si ancien et que souvent, elles sont passées de la maison de leur père à celle de leur mari, qu'elles avaient du coup toujours besoin de l'aval d'un homme.

A ce propos, Nicole évoque le décès de son mari et raconte être passée aux yeux de son entourage de "Nicole la rigolote, la dynamique" à "Nicole, la pauvre veuve, la vieille femme". Le regard porté sur elle a changé, comme si d'un coup, elle se retrouvait démunie, incapable de quoi que ce soit, peu importe ce qu'elle avait fait de sa vie auparavant. Et pourtant, insiste-t-elle, "être libre et indépendante, c'est dans notre tête que ça se passe". A ses yeux, "on peut tout à fait être mariée, avoir un homme qui nous paye le gite et le couvert tout en étant forte et indépendante. C'est dans notre tête la dépendance". On l'aura compris, libre, forte et indépendante, Nicole l'est, assurément. Cette certitude n'est cependant pas unanimement partagée. Annick, de son côté, estime que c'est par le travail et l'indépendance financière que les femmes ont gagné leur dépendance, n'étant plus contraintes, grâce à leurs activités rémunérées, à rester avec le même homme toute leur vie. "On était uniquement des mères, on est devenues des femmes", résume-t-elle.

Pour voir l'pisode 4 de Meufs, c'est par ici : Etre une femme entre 63 et 83 ans en 2019

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