Conversation.
Il y a quelques jours, l'une de mes filles, M., fredonnait "le lac des cygnes". Elle demande à sa soeur, C. :
- "Qui est-ce qui a écrit cette musique ?"
C. lui répond : "Je ne me rappelle plus son nom. C'est un homme évidemment.
M. : Pourquoi évidemment ?
C. : Parce que c'est comme ça."
Comme "les réponses en l'air ne sont pas des réponses", j'ai pris part à la conversation, évoqué toutes ces femmes qui ont œuvré dans l'ombre au fil des siècles parce que, étant des femmes, il n'était pas correct qu'elles prennent trop la lumière, qu'elles agissent, qu'elles créent, qu'elles existent en somme.
M. : "Mais maman, aujourd'hui, il y a plein de femmes qui composent de la musique !"
Oui, il y a plein de femmes qui composent de la musique, qui créent, qui inventent, qui dirigent, qui développent, qui agissent, qui militent, qui innovent, qui existent. L'occasion rêvée de rappeler à mes filles qu'elles ne doivent s'empêcher aucun rêve, aucune passion, aucun projet, au prétexte qu'elles sont des filles. Le moment choisi de leur dire à nouveau qu'elles pourront mener la vie qu'elles entendent, choisir les études et le métier qui les attirent, qu'elles ne doivent écouter que leurs propres envies et ne pas céder aux sirènes du monde qui les entoure, que ce qui compte, c'est leurs souhaits, leurs envies, leurs rêves, leurs idéaux. Et ce qui vaut pour elles deux vaut aussi pour leur grand frère. On ne le répètera jamais assez : les stéréotypes de genre sont à combattre et nos enfants devraient n'avoir que faire des clichés bassement sexistes qui ont tant perduré et nui à tous.
Pile au moment où j'écris ces lignes, M. me raconte que les garçons de sa classe demeurent dans la certitude que "la danse, c'est pour les filles". M. s'énerve : "je leur ai dit que c'est pas vrai et que mon frère fait de la danse, alors ils se sont moqué". Les stéréotypes, toujours. Leur montrerait-on un Benjamin Millepied sur scène, par exemple, comment réagiraient-ils ?
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