C'était la "mignonnerie" du week-end, pour reprendre ce mot inventé à la mode dans les blogs et autres sites de DIY. Ma fille fêtait ses 8 ans avec ses amis. Elle avait choisi d'inviter 6 filles et 1 seul et unique garçon. Même pas son amoureux, juste un petit garçon qu'elle aime beaucoup, parce qu'il est drôle et gentil. Il a fallu trouver une activité-phare pour cette fête et ma chouquette étant amatrice de loisirs créatifs, prévoir quelque chose de manuel. Notre choix s'est porté sur un atelier porte-clé en feutrine. Les enfants allaient choisir un modèle d'animal ou une forme à découper dans la feutrine de leur choix, coudre des boutons pour les yeux, prévoir un recto et un verso entre lesquels on insèrerait ensuite de la ouate pour que ça fasse un petit effet bombé, choisir un ruban pour relier l'objet créé à l'anneau du porte-clé, etc.
Le petit garçon étant du genre un peu vif, nous n'étions pas tout à fait sûrs qu'il resterait en place pendant les deux heures de l'atelier. On avait imaginé qu'il préfèrerait s'éclipser pour aller jouer au Lego, par exemple. Surprise, ce ne fut pas le cas. Mieux, de toutes les créations réalisées, la sienne était la plus compliquée à concevoir. Il a choisi de réaliser un oiseau, sélectionnant pour cela 4 couleurs de feutrine différentes : une pour le corps, une pour les ailes, une pour la queue, une pour le bec. Certes, il n'a pas eu le temps d'aller au bout de son projet, mais il s'est appliqué, a cousu chaque partie consciencieusement, avec des points réguliers et discrets quand plusieurs filles s'arrachaient les cheveux et s'emmêlaient les pinceaux. Une fois l'anniversaire terminé, il a demandé à sa mère qu'elle lui achète le nécessaire pour réaliser de nouvelles choses de ce type.
Comme quoi, avec un fil, une aiguille, de la feutrine et un peu d'imagination, il est possible d'occuper un garçon de 8 ans pendant deux heures. A aucun moment il n'a dit que la couture, c'était un truc de fille, de même que les petites filles présentes n'ont pas non plus jugé qu'il n'avait pas sa place autour de la table. Ce qui, au fond, questionne un peu : à quel âge les enfants se mettent-ils à classer les activités ou les métiers en deux colonnes, garçons et filles ? Quel est le facteur déclencheur ? Où se trouve le curseur et comment l'actionne-t-on ?
Les jugements de valeur sont plus précoces cela dit dans d'autres domaines, tels que le sport. A l'école de mes enfants, il leur est proposé, pendant la longue récréation de mi-journée, de jouer au foot. Ma fille et ses copines n'y vont pas. C'est pour les garçons, dénigrent-elles. A l'inverse, quand mon fils raconte qu'il a fait un an de danse et qu'il aimerait bien reprendre cette activité, il se trouve toujours des enfants pour en rire. Dans les écoles de danse, les garçons sont rarissimes en France. Ce qui n'est pas du tout le cas au Royaume-Uni par exemple où la présence de garçons dans les cours de ballet ou de jazz n'est pas du tout anecdotique. A quoi ça tient ? Et surtout, comment corriger le tir ?
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