lundi 24 février 2020

#MeToo : la France hors-jeu de Adèle Haenel

En novembre dernier, l'actrice Adèle Haenel racontait son histoire, plus de quinze ans après les faits, celle d'une jeune fille de 12 ans abusée par un réalisateur de 36 ans. Si elle eut dans les premiers jours des difficultés à expliquer son cheminement, aujourd'hui, elle a gagné en ferveur, en militantisme. Le mois dernier, le réalisateur qu'elle accuse, Christophe Ruggia, a été mis en examen. L'affaire a pris un tour judiciaire. Cela n'empêche pas Adèle Haenel de continuer à s'exprimer. 

Dans les colonnes du New-York Times ce jour, une interview (à lire ici : Adèle Haenel : France "missed the boat" on #MeToo) donne à voir une femme bien décidée à continuer de servir de porte-voix, si nécessaire, aux femmes violentées. Considérant toujours que le système judiciaire doit évoluer pour mieux prendre en charge, écouter et entendre les victimes, elle estime que la France a totalement raté l'occasion qu'offrait le mouvement #MeToo. Elle dénonce un débat français centré sur la liberté des hommes à importuner et sur le puritanisme supposé des féministes quand il aurait fallu marteler que les abus sexuels sont des agressions, et non des "pratiques libertines".

Adèle Haenel, photo Julie Glassberg pour le New York Times


Interrogée sur les actions du gouvernement français autour de ces questions, elle souligne un manque cruel de moyens et fustige le maintien au gouvernement de Gérald Darmanin, qu'elle ne nomme pas. "Nous avons dans notre gouvernement un homme qui a été accusé d'abus par plusieurs femmes. Le maintenir au gouvernement donne le sentiment que le sujet n'est pas pris au sérieux (...). On a l'impression que l'Etat tolère un certain degré de violence à l'encontre des femmes", balance-t-elle.

Évidemment, sa colère est à l'avenant s'agissant de l'Académie des Césars qui a nommé plusieurs fois Roman Polanski. Pour elle, cela revient à "cracher sur les victimes. Cela signifie que violer des femmes n'est pas si grave".

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