Nous sommes dans les années 1960, quelque part en Islande. Hekla a un peu plus de 20 ans, elle vit avec son père et son frère qui s'occupent de la ferme. Mais Hekla a des envies de créations, d'ailleurs, d'autres horizons. Elle écrit merveilleusement bien, elle a du talent et des fourmis dans les jambes, le sang bouillonnant comme le volcan dont elle porte le nom. Alors Hekla quitte la ferme et part pour Reykjavik, où elle écrit et écrit encore, entre ses heures de travail comme serveuse dans un café où on l'encourage à être candidate au concours de miss Islande, ses visites à son amie Isey, jeune mère au foyer dont la soif de liberté a cédé le pas aux contingences matérielles et familiales, et ses conversations avec son ami Jon John, jeune homme qui ne trouve pas sa place dans la société compte tenu de son homosexualité.
Le père d'Hekla dit de sa fille qu'elle est née trop tôt. C'est un peu ça. L'Islande des années 60 n'est pas prête à accepter la fougue de la jeunesse. C'est un pays patriarcal et conservateur, qui refuse l'homosexualité de Jon John tout comme il n'envisage même pas qu'une femme puisse être écrivain. Alors les manuscrits d'Hekla ne sont pas publiés, sauf lorsqu'elle utilise un pseudo d'homme. "L'heure de la reconnaissance n'a pas encore sonné", lui glisse un éditeur. Au fond, Jon John et Hekla souffrent des mêmes maux : ils ne sont pas reconnus par la société dans laquelle ils vivent, ils doivent se cacher mais peinent à exister, à s'accomplir. Et s'ils partaient, s'ils quittaient ce pays qui ne veut pas d'eux tels qu'ils sont ?
"Miss Islande" est le dernier roman de l'auteure islandaise Audur Ava Olafsdottir. Il est paru en septembre dernier aux éditions Zulma. C'est un très joli récit sur la soif de liberté, sur les rêves, sur les mots dits et les non-dits, sur l'intolérance. Ce roman fait partie des finalistes de la catégorie romans étrangers pour le prix Médicis qui sera rendu le 8 novembre prochain.
En complément, voir cette petite vidéo de l'auteure :
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