vendredi 6 septembre 2019

Fille de : exister en dépit de son patronyme

Il y a les femmes de, et il y a les filles de.
"J'ai été prévenue assez tôt que je n'aurais de valeur qu'une fois identifiée comme la fille de mon père. Une personne relative donc." Ces mots sont ceux que la philosophe et romancière Mazarine Pingeot met dans la bouche du personnage féminin central de son dernier roman, "Se taire". C'est un roman, mais évidemment, on imagine assez bien que Mazarine Pingeot, fille de François Mitterrand, a laissé filtrer son expérience personnelle au travers de son personnage. Invitée d'Augustin Trapenard sur France inter en ce début de semaine, elle admet qu'on l'a renvoyée "plus qu'à son tour" à cette idée-là, au cours de sa vie.



Etre "fille de", cette identification qui subjective nécessairement votre vie toute entière. Regardez Lily-Rose Depp, à qui l'on reproche systématiquement le fait qu'elle est la fille de Vanessa Paradis et de Johnny Depp et pour qui donc, tout serait nécessairement plus facile, peu importe qu'elle ait ou non du talent. Selon Mazarine Pingeot, être fille de, ou femme de, renvoie à l'idée que la personne qui se cache derrière ce "de" aurait une existence qui légitimerait la vôtre. Sans lui, vous n'êtes rien.

"Quand on dit fille de", ajoute Mazarine Pingeot sur France inter, "c'est toujours péjoratif, c'est jamais une manière de glorifier la personne". Elle demande : "Qu'est-ce que c'est que de dire en son nom propre, qu'est-ce que c'est que le nom propre ? Est-ce que le nom propre, c'est le nom du père ou est-ce que c'est quelque chose que l'on peut arriver à se réapproprier ?"

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