lundi 8 janvier 2018

France Gall, femme de...

Les nécrologies ne sont pas un exercice d'écriture facile, c'est vrai. Il n'empêche. Depuis 24 heures que France Gall est décédée, les articles pleuvent autour de la chanteuse et de son histoire. Et c'est là que le bât blesse. Car de cette histoire, on retient surtout, si l'on en croit les medias, quatre prénoms : Claude, Serge, Julien et Michel. Quatre prénoms masculins. 

D'accord, Claude François, Serge Gainsbourg, Julien Clerc et Michel Berger ont joué des rôles très importants dans la vie de France Gall. Mais quand même... France Gall n'a pas été que l'amoureuse et/ou la muse de ces messieurs. Depuis 24 heures, on ne parle d'elle que pour mieux louer ces hommes-là. On glisse sur son talent, sur son timbre de voix unique, sur les coups de pouce qu'elle a pu donner à d'autres artistes, sur ses combats personnels et humanitaires, sur ses douleurs... Mais on retient que Claude François était jaloux comme un pou, qu'il l'a rendue malheureuse le soir-même où elle remportait l'Eurovision. On retient que Julien Clerc ne voulait pas vivre son bonheur avec elle au grand jour, par peur de décevoir son public féminin. On retient que Serge Gainsbourg a joué avec elle en lui faisant chanter "Annie aime les sucettes". On retient qu'elle serait peut-être tombée dans l'oubli sans sa rencontre avec Michel Berger qui, de prime abord, n'était pas particulièrement intéressé ou attiré par la jeune femme qu'elle était...

Crédit photo : Jacques Bourguet


On dessine finalement les contours d'une femme qui, en quelque sorte, aurait servi de jouet, de marionnette presque, aux hommes de sa vie. Son père le premier, qui lui fit chanter "Sacré Charlemagne", titre dont elle avait horreur et qu'elle n'a pas su refuser. On écrit aussi qu'au panthéon des chansons qu'elle voulait bannir de son répertoire, il y avait "Charlemagne", "les sucettes" et "poupée de cire", à cause des mauvais souvenirs associés. En revanche, à la pelle, on peut lire que pour elle, Claude François a écrit "Comme d'habitude", Julien Clerc, "Souffrir par toi n'est pas souffrir" et Michel Berger "La déclaration d'amour". On insiste sur le talent de ces hommes comme si, au fond, son talent à elle n'avait été que de leur permettre à eux, d'exprimer le leur. On ne peint son portrait qu'à travers eux. Une fois de plus, l'histoire d'une femme hors du commun n'a droit de cité que par ce que les hommes lui ont apporté.


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