"Qu'un président de la République consacre un discours politique aux
violences faites aux femmes, c'est important, je ne boude pas mon
plaisir, mais mince, il ne suffit pas d'un discours pour faire changer
les choses. Le gros point noir, c'est qu'il y a zéro moyen!" Tel est le constat de la féministe Caroline de Haas, dans les colonnes du JDD.
Samedi dernier, en effet, Emmanuel Macron, Marlène Schiappa, accompagnés de Florence Foresti et Patrick Pelloux - ce dont on reparlera probablement dans un avenir très proche - lançaient officiellement la grande cause du quinquennat qu'est l'égalité femmes-hommes. La raison d'être de Marlène Schiappa. Le grand sujet de société d'Emmanuel Macron.
Evidemment, contexte #metoo oblige, dans les discours, la question des violences faites aux femmes a pris le pas sur le reste du sujet : que ce soit l'égalité professionnelle, l'accès à la santé, l'éducation...
Crédit photo : JDD |
Surtout, dénoncent les féministes, les annonces budgétaires relatives à cette grande cause ne seraient que du flan, résultant d'un tour de passe-passe entre les enveloppes des différents ministères. Il est vrai que depuis le début, il était annoncé que ce chantier serait transversal, touchant un certain nombre de ministères (Justice, Education, Santé,...). Cela semblait plutôt clairvoyant et emprunt de bon sens. Sauf que, dans un document d'analyse sur lequel ont planché plusieurs féministes depuis ce week-end, "les 420 millions d'euros annoncés sont déjà prévus depuis longtemps". La grande cause ne serait pas à voir comme un investissement de l'Etat sur un sujet particulier avec un objectif novateur, résolument moderne et un changement des mentalités ambitieux, il ne serait que la mise en lumière de financements existants et rassemblés sous une appellation commune. Dis autrement : de la poudre aux yeux, de la communication. Du joli storytelling... Par exemple, expliquent les auteures de ce document d'analyse, s'agissant du financement de l'action autour de l'égalité dans l'enseignement, "le gouvernement a fait un ratio du traitement des enseignants(e)s en partant du principe que 0.63% du temps dédié à l'enseignement moral et civique était consacré à l'égalité femmes-hommes".
Une mise en lumière de ce qui existe déjà, donc. Ce constat ne veut évidemment pas dire que rien n'avancera sur le front de l'égalité. Peut-être que les lignes bougeront. Gageons qu'elles le feront. Mais cela signifie que les dés sont d'ores et déjà pipés, qu'il y a tromperie sur la marchandise. Qu'il n'y a pas d'effort nouveau mis à l'oeuvre, de projet neuf. Et la grande cause a démarré officiellement il y a trois jours seulement.
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