Alors que s'ouvre le procès du "groupe de Tarnac", son nom se répand dans la presse. Yildune Lévy. Cette femme, membre du groupe soupçonné d'actes de sabotage, est avant tout présentée comme l'ex-compagne du supposé leader de la bande, Julien Coupat. Elle n'est pas le cerveau du groupe. Elle n'est pas militante politique. Non. Elle est l'ex-compagne de celui qui attire toutes les attentions : Julien Coupat. Jamais on ne la mentionne pour ses idées ou ses actions. On ne parle d'elle que comme la compagne de l'époque de celui que l'on accusait d'actes terroristes. Au mieux, elle était avec lui le soir où on dit de lui qu'il a saboté une ligne SNCF. Mais jamais au grand jamais on ne s'intéresse à elle vraiment. Elle n'est que "la femme de".
Yildune Lévy, à sa sortie de prison en 2009. Photo Joël Saget - AFP |
Pour L'Express, "ce lundi matin, Yildune Levy, ex-compagne de Julien Coupat, s'est exprimée pour la première fois". Selon France info, "elle est soupçonnée de les avoir commises (les dégradations, ndlr) avec son ancien compagnon Julien Coupat en 2008, ce qu'elle nie". Dans Le Monde , "Julien Coupat conteste, entre autres, un
procès-verbal de surveillance policière qui affirme qu’il se trouvait,
avec sa compagne Yildune Lévy, à Dhuisy (Seine-et-Marne) dans la nuit du
7 au 8 novembre 2008, à proximité d’une ligne de chemin de fer où un
fer à béton a été accroché à une caténaire." Le nom de Yildune Lévy est forcément associé à celui de Coupat en tant que compagne. Retirez à chacune de ces phrases cette mention-là. Qu'est-ce que cela retirerait du sens de l'histoire ou de l'importance de Yildune Lévy dans les accusations dont elle fait l'objet ? Reprenons chaque extrait d'article un à un : "ce lundi matin, Yildune Lévy s'est exprimée pour la première fois". Ok. "Elle est soupçonnée de les avoir commises avec Julien Coupat en 2008, ce qu'elle nie". Ca fonctionne toujours. "Julien Coupat conteste un procès-verbal de surveillance policière qui affirme qu'il se trouvait avec Yildune Lévy à Dhuisy".
La palme revient sans conteste au quotidien Libération, qui fait de Julien Coupat et Yildune Lévy un remake de Bonnie and Clyde. Hier, le journal titrait : "Julien Coupat et Yildune Lévy, le duo au coeur de l'affaire ". Et le papier s'ouvrait ainsi : "Leurs idées comme leur romance passée suscitent depuis dix ans moult fantasmes". Leur romance ? Ces deux-là sont en procès pour des actes de dégradation de lignes de chemin de fer et le papier s'ouvre sur leur romance ! Romance dont qui plus est, les journalistes signataires de l'article ne savent rien, dont ils ne disent rien dans le feuillet qui suit.
Les huit personnes composant le groupe de Tarnac sont sur le banc des accusés ces jours-ci. Mais Coupat et Lévy cristallisent l'attention. Qu'apporte à l'histoire le fait qu'ils étaient en couple au moment des faits ? Quel besoin a-t-on de l'écrire et de le réécrire à longueur d'articles ? Et pourquoi, quand les articles ne concernent que la personnalité de Julien Coupat, il n'est pas nécessairement fait mention de Yildune Lévy quand dans le cas inverse, c'est systématique ? Dans cette histoire comme toujours, madame n'existe qu'à travers l'homme qui l'accompagne et sans qui, dans l'inconscient collectif, elle ne serait rien.
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