Dans ma famille, on dit qu'elles "brassent de l'air". Ce sont ces personnes qui semblent être sur tous les fronts, qui cumulent les activités, sont volontaires pour tout, tout le temps, ces personnes au four et au moulin, ultra-présentes. Ces personnes que l'on voit partout, qui sont omniprésentes. Mais ce n'est pas parce qu'on est présent partout tout le temps que cela fait de nous des êtres indispensables, efficaces et utiles. Quand on brasse de l'air, on est partout à la fois mais on n'est véritablement nulle part, on n'avance pas.
Dans la sphère publique, on en identifie beaucoup des personnes comme cela, que l'on voit partout, qui ont le verbe haut, qui semblent incontournables. La question à se poser est celle-ci : quelles sont leurs actions réelles ? En quoi aident-elles la société ?
On a suffisamment critiqué ces hommes omniprésents et omnipotents pour que nous les femmes, à mesure que l'on conquiert notre juste place dans le monde, ne procédions pas de la même manière. Nous avons été éduquées, des siècles durant, dans la discrétion. Nous devions rester à notre place, être silencieuses, presque invisibles. Si l'on entre dans la lumière peu à peu, pourquoi le faire tambours battant, en faisant mine d'être indispensables partout. Nous ne sommes pas indispensables partout, nul ne l'est. Le tout est d'être utile quelque part, d'en avoir conscience et que le reste du monde en ait conscience également. Une amie m'écrivait ce matin : "Quand on a besoin de faire autant de bruit autour de soi, il y a un souci". "Much ado about nothing" (Beaucoup de bruit pour rien), écrivait aussi Shakespeare.
La conquête des femmes, en ce 21è siècle, ne doit pas être d'occuper toute la place, mais bien pour chacune d'entre elles, d'occuper sa juste place. Dans les cours d'écoles, il n'est pas souhaitable que les petites filles soient au centre tandis que les garçons seraient cantonnés dans les coins. Ce qui est souhaitable, c'est que tout ce petit monde occupe, en mixité, tout l'espace et qu'aucune fille, ni aucun garçon, n'en soit exclu. Il en va de même pour la sphère publique. Que les femmes ambitieuses se montrent, c'est important (lire ou relire : Quand les femmes ambitieuses se montrent), tant qu'elles ne sombrent pas dans la caricature et l'outrance et tant qu'elles ne précédent pas chacune de leurs phrases par des "moi, je" consternants. Ce n'est pas servir la cause féminine que de se mettre en avant constamment, considérant que l'on peut tout faire à la fois, être utile partout, avoir un avis sur tout et le déclamer au porte-voix.
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