lundi 11 mars 2019

La parité, on en parle ?

"La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente", disait la journaliste Françoise Giroud. Depuis quelques années, on promeut l'idée de la parité comme outil-clé pour permettre aux femmes de grimper l'échelle des responsabilités dans les entreprises et les institutions. Mais toute philosophie ayant ses effets pervers, procéder ainsi, c'est aussi courir le risque de désigner des femmes incompétentes que l'on accuserait ensuite de n'être dans leur position que parce qu'elles sont femmes. (Avant on disait qu'elles avaient couché pour y arriver. Demain, on considérera qu'elles ne sont là que parce que la loi sur la parité l'exigeait).

Il est juste de dire que de très nombreuses femmes ont été freinées dans leur carrière en raison de leur sexe, qu'on ne les a pas promues parce qu'elles étaient femmes. Mais il serait à mon sens tout aussi dévastateur d'en venir à promouvoir des femmes simplement parce qu'elles sont femmes. Ce week-end, la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa affichait son souhait que ce soit une femme qui soit candidate LREM pour les élections européennes de ce printemps. Elle n'a pas dit : il faut que le candidat ou la candidate soit le ou la meilleure du parti. Elle n'affiche pas comme priorité le talent et les compétences comme préalables nécessaires mais le fait que ce soit une femme. Entendons-nous bien : ça ne veut pas dire que si c'est une femme qui porte les couleurs de LREM, elle sera forcément navrante mais considérer qu'il importe de privilégier une candidature féminine est un tantinet casse-gueule.



Autrement dit : la parité, les quotas, ça a ses limites. Une mauvaise réponse à un vrai problème. Ce qui importe, en politique comme ailleurs, c'est le talent, les compétences, l'implication, l'intérêt, les idées. Ce qui importe, c'est donc de valoriser les femmes autant que les hommes, de construire une société où, dès le plus jeune âge, les compétences et les talents de chacun sont mis en lumière, abstraction faite du sexe de l'individu. Ce qui importe, c'est d'en finir avec les stéréotypes, les caricatures et autres clichés. Ce qui importe, c'est de valoriser chacun pour ce qu'il pense, pour ce qu'il sait faire, sans que soient pris en compte son sexe, son milieu social, sa situation géographique. Ce qui importe, c'est de cesser de considérer extraordinaire qu'une femme soit à la tête d'une grosse entreprise ou qu'un homme soit père au foyer, c'est de cesser de ranger les gens dans des cases selon leur sexe. Ce qui importe, c'est d'ouvrir le champ des possibles à tous et de laisser la liberté à chacun d'exprimer son talent comme bon lui semble. Ce qui importe au fond, c'est une société qui respecte et comprend les trois mots qu'elle affiche au fronton de ses mairies : liberté, égalité, fraternité.

Lire aussi :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire