mardi 22 septembre 2020

La République et le corps féminin : quand la grande cause fait pschitt

Que peut Elisabeth Moreno ? Nommée ministre déléguée en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes cet été, a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Supposée agir pour l'égalité des chances, réalise-t-elle combien sa tâche est ardue, dès lors que son action, qu'elle quelle soit, va affronter celle de ses collègues du gouvernement, à savoir Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti et - c'est là la petite nouveauté de la semaine - Jean-Michel Blanquer ? 

Quand on doit travailler au coude à coude avec un homme accusé d'agression sexuelle, avec un homme qui qualifie les féministes de "follasses" et avec un troisième qui considère que les filles doivent se rendre à l'école dans des tenues vestimentaires jugées "républicaines", dans quelle mesure peut-on agir sereinement et efficacement pour améliorer la place des femmes dans la société ? Comment en finir avec le patriarcat dans un pays où l'on continue de penser que la tenue des lycéennes risque de déconcentrer les garçons et qu'au fond, cela prime sur l'enseignement ?

La grande cause du quinquennat aura décidément fait long feu et les choix gouvernementaux en la matière apparaissent totalement incohérents. Comment y croire encore ?


 

"La qualification de «tenue inappropriée» ne signifie rien d’autre qu’une assignation des filles à la potentialité sexuelle de leurs corps adolescents. Laisser entendre qu’un décolleté ou un ventre apparent dérange leurs camarades, voire les excite, c’est accepter comme une donnée intangible que les désirs masculins sont irrépressibles", rappelle très justement Camille Froidevaux-Metterie dans les colonnes de Libération (à lire ici : Quand les femmes ne seront plus définies par leur corps). Et l'auteure de "Seins : en quête d'une libération" de poursuivre : "Il se trouve que ce ne sont pas les filles qui sont responsables du harcèlement et des violences sexuelles qu’elles subissent, mais bien ceux que l’on n’éduque pas au respect des corps, des genres et des sexualités". Quid donc du rôle de l’Éducation nationale dans l'éducation au respect des corps, des genres et des sexualités ? Comment l’Éducation nationale pourrait engager sa mutation en ce domaine, quand le gouvernement en place s'enfonce chaque semaine un peu plus sur ces questions ?

 

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