lundi 21 septembre 2020

Ces adultes qui regrettent d'être devenus parents

Il y a presque trois ans, j'écrivais un billet sur ce documentaire de Colombe Schneck autour des femmes qui décident de ne pas avoir d'enfants. J'y découvrais des histoires étonnantes et de même le travail de la sociologue israëlienne Orna Donath. En 2015, elle avait publié un ouvrage intitulé "le regret d'être mère" et depuis, le sujet a fait couler de l'encre. Beaucoup dans certains pays. En Allemagne par exemple. La semaine dernière, Libération publiait un article selon lequel 20% des Allemands regrettent d'avoir été parent (lire ici : Etre mère, un cauchemar dont je ne me réveillerai jamais ).

Bien sûr, on trouvera toujours des gens qui n'aiment foncièrement pas leurs enfants. Ça doit exister. On doit en trouver. Mais ce regret d'être parent ne signifie pas ne pas aimer ses enfants. C'est quelque chose de différent. C'est assez difficile à expliquer. Pour ces 20% d'Allemands, le regret d'être parent a à voir avec le bouleversement irréparable qu'un enfant amène dans votre vie. Plus jamais votre vie ne sera comme avant. La désinvolture n'est plus de mise, pas plus que le dilettantisme. Vous n'êtes plus seul. Vous avez la responsabilité de la vie de quelqu'un. La chair de votre chair a nécessairement besoin de vous. 

 

Le regret d'être parent n'est pas non plus la résurgence d'une crise d'adolescent qui vous aurait rendu égoïste. C'est plutôt l'idée d'avoir perdu une existence qui semblait plus satisfaisante ou enrichissante.

Ces adultes qui expriment le regret d'être devenus parents ne sont d'ailleurs pas nécessairement de mauvais parents non plus. Simplement, ils ont le sentiment de ne plus être eux-mêmes, ceux qu'ils étaient antérieurement, avant l'enfant. Ils ont le sentiment de s'être perdus.

Il serait intéressant que des sociologues travaillent à des études comparatives mettant en parallèle le regret d'être parent selon la politique familiale du pays étudié. En Allemagne, jusqu'aux trois ans de l'enfant, il n'est pas rare que la mère mette sa carrière en sourdine de façon claire. En France, c'est tout de même beaucoup moins le cas. Si un sondage était réalisé dans l'hexagone, aurions-nous 20% des parents qui admettent regretter de l'être devenus ?


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