A partir de la rentrée prochaine, les lycéens de France entrant en classe de première n'investiront plus les filières de bac telles que nous les connaissions jusqu'ici. En vertu d'une réforme portée par le ministre Jean-Michel Blanquer, les actuels élèves de seconde ont choisi une "triplette" de matières pour composer leur baccalauréat personnel. Les séries de bac scientifique, économique ou littéraire ont disparu et sont remplacées par un libre de choix de spécialités.
Le syndicat enseignant Snes-FSU publie ce jour les résultats d'une étude qu'il a menée auprès de 4000 lycéens pour tenter de mesurer si cette nouvelle méthodologie change de façon significative la donne. Et objectivement, quand on regarde les résultats de cette étude, il est évident que non. Une des volontés du ministre était de casser la prédominance de la filière scientifique, traditionnellement considérée comme la filière de prestige. Il était souhaité également de rompre avec les inégalités de genre dans l'accès aux différentes matières. Au final, selon les résultats de l'enquête, on observe que les élèves reproduisent les schémas du passé, voire les aggravent. Ainsi, 65,7% des élèves de seconde enquêtés ont demandé la spécialité mathématiques pour la rentrée prochaine, alors qu'à la rentrée 2017, 53% des élèves issus de seconde intégraient une classe de première S. Les maths demeurent donc, dans l'esprit collectif, la filière de choix.
Quant aux inégalités de genre, on frôle la caricature. En 2017, 4% des garçons ont intégré une première littéraire, contre 14% des filles; 19% des garçons sont allés en première économique, contre 25% des filles; et 40% des garçons sont allés en première S, versus 32% des filles.
A la rentrée prochaine, l'allure des classes ne sera guère différente puisque 70% des garçons de seconde ont demandé la spécialité mathématiques, contre 57% des filles. A contrario, 46% des filles ont demandé économie, contre 38% des garçons. Près de 40% des filles ont demandé langues vivantes, contre 33% des garçons.
On attendrait cependant une enquête qualitative sur ces choix. Pourquoi les filles ne se lancent-elles pas plus massivement dans les mathématiques ? Sont-ce les arguments caricaturaux autour du fait que les filles ne seraient pas douées en maths qui font mouche dans leur esprit ? Un sentiment d'usurpatrice qui infuserait dans leur inconscient et les éloignerait des matières scientifiques ? Ou ont-elles véritablement plus envie de lettres, de langues et d'économie ? A l'inverse, pourquoi les garçons se tiennent à ce point éloignés des matières littéraires ? Pourquoi s'orienter vers un baccalauréat axé lettres et langues serait un choix au rabais pour les garçons ? Interrogez-vous.
Pour en savoir plus, l'enquête du syndicat Snes-FSU peut être consultée ici : Note sur la réforme Blanquer
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