mardi 4 juillet 2017

De la première S à Polytechnique, l'étau se resserre pour les filles

Les filles réussissent globalement mieux à l'école que les garçons, c'est avéré. "Pourtant, elles restent sous-représentées dans certaines filières d'élite de l'enseignement supérieur", écrit Hélène Buisson-Fenet dans "Ecole des filles, école des femmes". Selon elle, "bien que ces établissements se soient féminisés au cours des dernières décennies, les étudiantes y sont toujours minoritaires : elles représentaient 16% des effectifs en 1985, 28% en 2010". Pire, en 2010, 14% seulement des élèves de l'école Polytechnique étaient des filles. Des chiffres "d'autant plus surprenants", estime l'auteure, que "les filles représentent désormais 45% des élèves au lycée en terminale scientifique".

Comment se fait-il qu'il y ait moins de filles que de garçons en filière scientifique au lycée ? Si elles réussissent mieux que les garçons, elles devraient être au moins aussi nombreuses qu'eux dans ces filières. Comme souvent, tout est affaire de chiffres et de représentations. "Même si la majorité des filles de première générale sont en première S (44,4% d'entre elles en 2013-2014), elles sont proportionnellement plus nombreuses que les garçons à avoir opté pour une première littéraire (22,2%) ou une première économique et sociale (33,4%)". Du côté des garçons, la donne est différente : 65% d'entre eux s'orientent vers une première scientifique, versus 7,5% en L et 27,5% en ES. Ce n'est donc pas tant qu'elles rejettent la filière scientifique que les garçons qui rejettent, eux, en masse, la filière littéraire.

Et puis, outre les compétences strictes des élèves, se pose la question de la confiance en eux et de la légitimité qu'ils ont. Ainsi, écrit Hélène Buisson-Fenet, "quand ils se jugent très bons en mathématiques, 8 garçons sur 10 vont en S, quand elles se jugent très bonnes en mathématiques, 6 filles sur 10 vont en S".

Cette réalité se retrouve ensuite post-bac. Parmi les bachelières ayant obtenu une mention très bien, "elles ne sont que 6,5% et 4,5%" à demander une classe préparatoire maths-physique et physique-chimie, contrev 26,1 et 12,6% des garçons. Cette autocensure des filles - qui s'accompagne sans doute de "recommendations émanant du corps professoral, du milieu familial ou encore du groupe des pairs" -  a pour conséquence leur minorité extrême dans les effectifs des grandes écoles.

Le propos de l'auteure peut donc être schématisé ainsi :
1- Les filles ne dédaignent pas les filières littéraire et économique au lycée à l'inverse des garçons qui s'engouffrent en masse en filière S.
2- A l'issue du bac, encore très rares sont les filles à demander une classe prépa scientifique.
3- Elles sont donc numériquement rarissimes dans les grandes écoles.

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