Effectuant ma veille quotidienne sur les sujets qui m'intéressent, je tombe ce matin sur ce titre : "un homme sur trois démissionnerait en cas d'inégalités salariales femmes-hommes". Plus que surprise, je fonce à la recherche de l'étude à l'origine de ce titre. Un homme sur trois, ça semble beaucoup tout de même.
Ce chiffre émane d'une étude réalisée par ADP en octobre dernier auprès de 10585 salariés de 8 pays européens (France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas, Pologne et Suisse). Il en ressort que de manière générale, en Europe, la question des écarts de rémunération au sein d'une entreprise selon que l'on est un homme ou une femme est source de questionnement et d'intérêt pour tous. Au moment de l'enquête, seuls 27% des personnes interrogées jugeaient cependant nécessaire le dispositif mis en place en France au 1er mars dernier dans les entreprises de plus de 1000 salariés pour mesurer et communiquer les écarts de rémunération entre les sexes.
Pour autant, avance l'étude, pas moins de 60% des salariés européens interrogés "envisageraient de chercher un autre emploi s’ils découvraient que leur entreprise pratiquait un écart de rémunération entre hommes et femmes", un chiffre qui s'élève à 72% si l'on regarde uniquement les réponses des femmes. Les salariés français interrogés, eux, ne seraient que 54% à envisager de chercher un autre emploi.
J'ai beau lire et relire cette étude, je ne vois pas mention de cette assertion selon laquelle "un homme sur trois démissionnerait en cas d'inégalités salariales femmes-hommes". La proportion de un sur trois ne repose sur rien. Et surtout, les répondants à l'étude ne disent pas qu'ils démissionneraient, mais qu'ils "envisageraient de chercher un autre emploi", ce qui n'est tout de même pas exactement la même chose. Entre la poire et le fromage, lors du déjeuner du dimanche midi chez belle-maman, après un verre de vin ou deux, on peut envisager de chercher un autre emploi, ça n'engage à rien. Quand vient le lundi matin, on pourra avoir mis un mouchoir dessus.
Nous voici donc face à un bel exemple d'article de presse "putaclic", qui s'empresse de tirer le fil de l'info pour que des kyrielles de femmes qui en ont ras la casquette d'être moins payées que les hommes s'emballent pour un titre si prometteur. Dites donc les gars, plus c'est gros, plus ça passe, c'est ça ? Bref, à mes lectrices, je vous le dis, un homme qui démissionnerait sur le champ quand il découvre qu'il est plus payé que vous, ça n'existe qu'au pays des licornes... En 2019, en France, on n'en est pas là. Toute notre confiance et nos espoirs reposent sur les frêles épaules des hommes de la génération Y qui s'affichent bien plus décidés et convaincus sur le sujet.
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