"Des bonnes petites meufs conditionnées, voilà ce que nous sommes". C'est pas moi qui le dit, mais l'illustratrice Sarah Gully - alias Clémence - dans La garde de Vénus #1. Nous serions conditionnées, mais par quoi au juste ? Eh bien, tout un tas de trucs qui s'entrechoquent dans tous les sens : nous devons être comme-ci et pas comme-ça, dire ceci et pas cela... Etre bienveillantes mais céder quand même à ce qu'avec des copines nous appelons nos "instants langue de pute". Il faut dire : Ragoter rend heureux , affirme le magazine Elle, qui en connaît un rayon sur le sujet. Dire du mal, balancer des méchancetés, rire sur le dos de quelqu'un... ah, ça fait du bien...
Dessin issu de La garde de Vénus #1 - Clémence et le pire. |
Dans ce cas, si ça nous rend heureux, pourquoi nous rebat-on les oreilles avec la bienveillance, la tolérance ? Nous voici une nouvelle fois en pleine contradiction : pourquoi être viscéralement gentil si c'est ne pas l'être qui rend heureux ?
Avez-vous expérimenté dernièrement le compliment gratuit ? Il y a quelques jours, j'ai dit à une femme que je croise quotidiennement sans la connaître plus que cela que la tenue qu'elle portait lui allait à merveille. Les mots sont sortis de ma bouche sans préméditation, la personne à qui je l'ai dit a été surprise, m'a remerciée, arborant un grand sourire, à la suite de quoi je me suis dit que je venais de lui offrir un instant de bonheur simple et gratuit. Et c'était cool.
Dessin issu de La garde de Vénus #1 - Clémence et le pire |
Mais pourtant, si ça m'a fait plaisir de me dire que ma simple phrase prononcée sans arrière-pensée avait peut-être permis, au fond, à cette femme d'attaquer sa journée d'un bon pied, c'est bien parce que j'ai observé sa tenue. Nous sommes conditionnées, nous les femmes, à faire cela. Sans y penser, inconsciemment, nous nous regardons les unes les autres. Nous relevons les imperfections, les trucs qui clochent, qui sont de mauvais goût, tout comme nous notons les éléments harmonieux. C'est à cela, entre autres, que pense l'illustratrice Clémence. Elle explique qu'avec sa série de dessins, elle cherche à souligner "le réflexe qu'on a de littéralement "scanner"
les femmes de la tête aux pieds, que ce soit entre inconnues ou entre
amies, comme si on se devait d'être nickel, d'être bien habillée, de
tenir notre rang de femme, etc. On donne énormément d'importance à
l'apparence des femmes, et cela donne des rapports entre elles un peu
basés sur la rivalité et la compétition". On se fait du mal, en somme. C'est sans fin, parfaitement inutile, complètement contre-productif, ça nuit à l'amélioration générale de la position des femmes dans la société. Aucun intérêt.
Pour suivre le travail de Sarah Gully, c'est par ici : Clémence et le pire
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