lundi 11 février 2019

Cyber-harcèlement : le scandale de "la ligue du LOL"

En 2019, on lutte contre les fake news, contre le cyber-harcèlement, contre l'intolérance et  la malveillance. Et pourtant. Penchons-nous sur les infos de ce début de semaine. Qu'apprend-on ce lundi matin ? Que depuis son témoignage à la barre où elle a raconté avoir été agressée par Denis Baupin (lire ou relire : "Elles sauront qu'elles ne sont pas obligées de subir ça"), l'ancienne élue écologiste Cécile Duflot est harcelée sur les réseaux sociaux. Un petit malin, changeant d'identité continuellement lui adresse depuis jeudi dernier un tweet toutes les heures. Immonde, violent...




On découvre aussi une bande d'abrutis réunis au sein de ce que l'on connaît sous le nom de "la Ligue du LOL" qui des années durant, ont harcelé sur les réseaux sociaux des féministes, des militants LGBT, des femmes journalistes, et diffusé des rumeurs délirantes à leur sujet. Ce groupe créé en 2009 se composait essentiellement d'hommes et pour nombre d'entre eux, journalistes. C'est le journaliste Vincent Glad qui a créé ce dangereux et malsain groupe de stupides trolleurs. Ce week-end, il a fait son mea culpa, assure s'être éloigné du groupe depuis plusieurs années. Il écrit : "Je ne voyais pas cette maison minuscule dans laquelle nous enfermions les personnes visées. Je voyais juste un grand bac à sable, une grande cour de récré, dans laquelle rien n'avait de conséquence". Il s'excuse, reconnaît que c'était du harcèlement. Mais le mal est fait. Ces trolls ont mis en route une machine infernale qui a broyé la parole de bien des femmes, qui a eu pour conséquence qu'elles se sentent traquées, humiliées. Et il attend que le scandale soit révélé, de même que son identité pour faire ses excuses. Cela fait 6 ans qu'il a quitté cette ligue, dit-il. Et dans l'intervalle, jamais il n'a pris la parole sur le sujet ou dénoncé ces méthodes. Si vraiment ça le dérangeait comme il le sous-entend désormais, qu'il avait compris le malaise généré par ce qu'il avait créé, il avait les moyens de faire cesser ces harcèlements. Il n'a rien fait, il s'est fait oublier, a continué son bonhomme de chemin. Manifestement, sa conscience ne l'a pas empêché de dormir pendant ces six dernières années.

Sauf que voilà, Libération s'est saisi du sujet, à la demande d'un de ses lecteurs et publié un long papier sur le sujet vendredi dernier (lire ici : La Ligue du LOL a-t-elle vraiment existé et harcelé les féministes sur les réseaux sociaux ?). Le journal a donc du balayer devant sa porte et nommer deux membres de sa rédaction, le fameux Vincent Glad mais aussi Alexandre Hervaud. Exercice sans doute pas facile pour une rédaction que de devoir accepter l'idée d'avoir en son sein deux personnes au pire abjectes, inconscientes et violentes, au mieux irresponsables et puériles. Ce lundi matin, Libération a annoncé avoir décidé de mettre à pied Alexandre Hervaud, "à titre conservatoire"... mais rien s'agissant de Vincent Glad, dont on pourrait pourtant considérer qu'il est au centre de l'affaire.

On ne parle pas ici d'adolescents à l'humour potache qui entameraient sans le vouloir la confiance en soi de camarades de classe. On parle d'adultes cultivés, menant une vie professionnelle de choix, qui se regroupent et par effet de meute, tombent à bras raccourcis sur des femmes pour détruire leur confiance en elles, de trolls qui n'ont de cesse de moquer, critiquer, humilier leurs proies. Ils s'excusent aujourd'hui, tout en inventant des contours anodins à cette histoire délirante. "On voulait pas faire de mal", "on s'amusait"... Pareil que ces gens qui racontent des blagues racistes tout en affirmant "avoir un ami noir". Ces personnes évoluant dans les domaines de l'information s'amusaient à détruire des réputations... En ce début de semaine, on découvre des appels à la démission de Vincent Glad. Il est surtout à souhaiter que toutes les rédactions parisiennes entament leur ménage de printemps et prennent la mesure de l'enjeu. A ce stade, plus de 30 personnes ont été identifiées comme faisant partie de cette Ligue, et les twittos parisiens soulignent que des centaines de tweets les incriminant auraient disparu dans le week-end. A ce stade, hormis Libération, les rédactions des Inrocks (en la personne de David Doucet), Slate (Christophe Carron) et de Télérama (Olivier Tesquet) seraient concernées.

Lire aussi :

1 commentaire: