lundi 3 décembre 2018

"Toutes mes copines travaillent. Curieusement, aucune ne m'envie".

Quand on a cessé de travailler, pendant plusieurs années, parce que l'on a eu des enfants par exemple, se pose la question du retour éventuel à l'emploi. En a-t-on envie ? Le doit-on ? De quoi sera-t-on capable ? Dans mon cas, si j'ai cessé de travailler, c'était dans le cadre de l'expatriation de mon conjoint. Période pendant laquelle donc, ont débuté ces questionnements incessants autour de la place des femmes dans la société, de ce que l'on attend d'elles et de ce qu'elles veulent, ce à quoi elles aspirent. Pendant cette période, j'ai donc rencontré tout un tas de profils féminins : celles qui étaient là mais qui n'étaient pas vraiment contentes de leur sort, celles qui profitaient de l'expatriation pour devenir mamans, celles qui se formaient à de nouvelles possibilités de carrière, celles qui repartaient sur les bancs de la fac par simple plaisir personnel, celles encore qui faisaient le choix de profiter de l'instant présent, en se disant que passée cette expatriation, elles reprendraient leur travail "d'avant". Toutes avaient en commun quelque chose : ce sentiment de se trouver dans une période transitoire de leur vie, comme une parenthèse enchantée dont il fallait savoir profiter.

Toutes donc, à l'exception de Claudine. Pour elle, les choses ne se sont pas vraiment passées comme ça. L'expatriation, elle n'en voulait pas. Elle avait déjà deux enfants, un poste d'enseignante, quand son mari lui a fait part de leur départ imminent pour l'étranger. Claudine allait devoir renoncer à cette classe qui devait lui être confiée à la rentrée suivante. Un crève-cœur pour elle. Mais le poste qui attendait son mari ne se refusait pas. Va pour l'expat' dans un pays du Moyen-Orient. Là-bas, Claudine a un troisième enfant et ouvre un cours de danse. Mais au bout de quatre ans, le couperet tombe, il faut à nouveau refaire les valises pour une autre destination. "Nous les femmes, on doit toujours s'adapter. On doit créer quelque chose qu'il nous faudra ensuite quitter".

Anne, de son côté, considérait que l'expatriation était une aventure familiale, elle ne s'y est pas sentie contrainte et forcée. Elle a pourtant cependant du abandonner son emploi mais au fond, "mon seul regret, c'est ma relation avec mes collègues, que j'ai perdue", observe-t-elle. De la même façon que Charlène, pour qui cesser de travailler n'était pas un renoncement et qui estime : "De toutes façons, je pense que je n'aurais jamais fait carrière". Aucun regret pour elle donc, d'autant qu'elle s'épanouit sans difficulté en tant que mère au foyer, même si elle dit, un tantinet cynique : "toutes mes copines travaillent. Curieusement, aucune ne m'envie".

Quant à Noémie, les choses s'étaient bien goupillées : quand le projet d'expatriation s'est annoncé, se souvient-elle, "je venais de tomber enceinte et j'en avais marre de mon boulot, cette aventure tombait bien". Les aventures se sont ajoutées les unes aux autres, "jusqu'au jour où tu te dis : je ne suis plus capable de travailler". Trop loin des critères des employeurs, plus dans la dynamique "métro boulot dodo". Mais qu'à cela ne tienne : il n'y a pas que le boulot dans la vie, on peut tout à fait s'accomplir autrement, toutes considérations financières mises à part.

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