Dans l'inconscient collectif, les rôles restent généralement figés : papa apporte la sécurité financière , subvient aux besoins du foyer et maman se charge de la sécurité affective et prend soin de ses petits. Généralement, quand elle travaille, maman gagnera moins d'argent que papa (en moyenne 16% de moins en France, cf article du 25 octobre dernier : "Les femmes, toujours moins bien payées"). Pourtant, le monde dans lequel nous vivons évolue. Dans The end of men, Hanna Rosin décrit par exemple une société américaine en mutation, où les femmes gagnent de plus en plus souvent mieux leur vie que leur compagnon, changeant profondément le système de représentation des rôles au sein du foyer.
Lire à ce sujet : Le temps des "working girls"... (selon Hanna Rosin)
De ce côté-ci de l'Atlantique, si l'on observe forcément des changements, on reste loin d'un bouleversement de masse. Ainsi, une étude récente menée en Allemagne témoigne d'un état de faits qui agace les féministes : une femme demandant un emploi à temps partiel sera supposée avoir besoin de ce temps pour être plus présente auprès de ses enfants. A contrario, on s'attendra à ce qu'un homme demandant un temps partiel ait besoin de dégager du temps pour suivre une formation. Dans le cas de monsieur, donc, le temps partiel sera vu comme la volonté de quelqu'un d'ambitieux.
Les clichés ont la vie dure. Et la donne n'est pas si différente en France. Dans un article publié dans Biba, Benjamin Buhot, alias Till the cat (je vous renvoie vers son blog bourré d'humour et de curiosités : Tillthecat.com avec une mention spéciale pour cette recette à lire en cas de déprime : Recette du cheesecake qui tue Mémé) raconte comment il est devenu père au foyer il y a 10 ans.
Les pères au foyer, une catégorie de personnes encore relativement réduite en France. Ils seraient un peu plus de 30.000 dans l'hexagone, selon une estimation de la sociologue Myriam Chatot, à avoir sauté le pas, s'affranchissant des critiques du style : "il se fait entretenir par madame"; "chez eux, on sait qui porte la culotte"; "c'est un raté"... Ils ont l'esprit plus moderne et ancré dans la réalité qu'une encore trop grande partie de la population pour qui être au foyer, c'est forcément glander toute la journée. On pense que les mères au foyer passent leur temps à papoter devant les portes de l'école ou au café avec leurs copines et que les pères au foyer restent avachis dans le canapé, une bière dans une main et la télécommande dans l'autre...
Si vous faites le choix, dans votre couple, que l'un des deux fasse une pause professionnelle plus ou moins longue parce que, par exemple, vous entendez mener une vie de famille plus sereine, on vous jugera. Si à l'inverse, vous faites le choix de poursuivre vos routes professionnelles à deux, parce que ni l'un ni l'autre ne souhaite renoncer à ses ambitions professionnelles ou bien que vous ne vous voyez pas être au foyer, ou encore que vous avez besoin de générer deux salaires pour assurer financièrement, on vous jugera aussi. Si les modèles se diversifient beaucoup, si la société d'aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec celle de la génération précédente, l'acceptation de la diversité est encore lointaine et les représentations de la vie de famille encore très traditionnelles.
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