mardi 21 novembre 2017

Femmes au travail versus femmes au foyer : un combat inutile et sans fin

A mesure que ma bibliographie s'allonge, que des titres de presse ou des blogs publient des articles sur le sujet de la place des femmes dans la société, je fais le constat - consternant - que l'on pense toujours et encore de façon binaire, en noir ou blanc et pas assez en niveaux de gris. Lisons un article sur les femmes qui exercent une activité professionnelle et l'on basculera systématiquement dans une critique des femmes au foyer. Et vice versa. 

Les femmes dites "actives" vous diront que elles aussi doivent étendre les machines, remplir le frigo, aider les enfants à faire les devoirs, passer l'aspirateur et cela donc, après leurs journées de travail. En ce sens, disent-elles, être mère au foyer n'est pas un métier (voir : Non, mère au foyer ce n'est pas un métier, texte de Carla Schiappa, soeur de vous savez qui). Les femmes au foyer, elles, ont effectivement les mêmes contraintes ménagères que les femmes "actives" et assument peut-être plus un rôle de pivot au sein du foyer. Elles souffrent néanmoins de l'image qui leur colle à la peau : "Osez dire que vous êtes au foyer, et vous voilà d'un coup méprisée. Il y a un dédain pour les tâches maternelles",observe Hélène Bonhomme, du blog Fabuleuse au foyer. Ce dédain résulterait de la tendance au sacrifice des femmes au foyer qui ont tiré un trait sur leur avenir professionnel. Ce faisant, elles ont aussi anéanti toute possibilité de libération des femmes, étant entendu qu'une femme qui ne travaille pas devient dépendante financièrement de son mari. Ce qui ne coupe pas la chique d'Hélène Bonhomme : "Dans cette conception primitive du féminisme, l'argent, c'est la liberté. Aujourd'hui, il n'y a rien de plus mal que de dépendre financièrement de quelqu'un. Voilà ce qui est valorisé : "moi toute seule". Se débrouiller seule, ne dépendre de personne. Surtout, n'avoir besoin de personne". Et de poursuivre sur le couplet selon lequel si les femmes au foyer dépendent financièrement de leur mari, ces derniers dépendent d'elles dans d'autres domaines tout aussi essentiels, "moins matériels et plus humains".

La dépendance financière. 
Vaste débat. 
Je me souviens très bien des quelques fois où ma mère m'a dit que je pouvais faire les choix que je voulais dans la vie mais qu'il fallait "surtout ne jamais dépendre d'un homme financièrement". Bon. Soyons clairs, en ce qui me concerne, aujourd'hui, c'est raté. Aux yeux de la société, je suis une femme au foyer et si je peux tenir ce blog quotidiennement sans gagner un kopek, c'est bien parce qu'il y a un homme qui subvient financièrement à mes besoins. Est-ce si grave ? Je ne crois pas. Est-ce que je me sens opprimée ? Non. Ma liberté est-elle entravée ? Non plus.

Il y a quelques temps, on m'a rapporté l'histoire de deux jeunes couples. Dans chacun de ces couples que l'on appelera A et B, monsieur et madame ont décidé d'ouvrir des comptes bancaires communs. Mais forcément, en 2017, les femmes gagnant encore globalement moins bien leur vie que les hommes, l'apport financier sur ces comptes bancaires n'était pas équitable. Dans le couple A, partant du principe que madame contribuait moins aux dépenses communes que monsieur, ce dernier a fait le choix de partir en vacances seul, sans elle. Dans le couple B, monsieur reprochait à madame de trop dépenser d'argent pour les vêtements du bébé, par exemple. Où voit-on un sentiment de liberté là-dedans ? Est-ce que ces femmes ont un tel sentiment d'épanouissement et de libération lié au fait qu'elles travaillent et gagnent leur propre argent ? Est-ce que ces messieurs ont pensé à compter le nombre de cuillères de confiture qu'ils mettent chaque matin sur leurs tartines par rapport à leurs compagnes ?

En outre, en cette période de l'Histoire où tout le monde a les mots décroissance et stress à la bouche, pourquoi continuer de décrier le choix de femmes qui sont au foyer ? Et pourquoi surtout faire un procès d'intention aux femmes en général, quel que soit leur choix de vie ? Pourquoi les dresser les unes contre les autres, comme si celles qui n'avaient pas le même choix de vie que vous étaient forcément le camp à abattre ? Que les femmes au foyer ne baissent plus les yeux quand on leur demande ce qu'elles font de leur vie, que les femmes ambitieuses ne culpabilisent plus de recourir trop souvent à une baby-sitter. Ce qui importe, encore une fois, c'est l'idée de choix. Qu'elles aient choisi de privilégier leur carrière professionnelle, ou d'être au foyer, peu importe tant qu'elles ont choisi de le faire. Ce qui est hautement critiquable, c'est le non-choix.

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