"C'est comme saigner du nez, une fois par mois, mais de la chatte", dit-il en pouffant. Ainsi commence un documentaire très fouillé et pédagogique sur la menstruation. "28 jours" interroge ce sujet éminemment tabou que sont les règles. Angèle Marrey, réalisatrice de ce film, aborde toutes les questions autour des cycles féminins. Outre une explication médico-technique bienvenue de ce qui se passe dans le corps des femmes, elle traite de la représentation de la femme dans les religions, compte tenu de ce sang qui s'écoule entre ses cuisses. Elle questionne aussi le plaisir féminin, et se demande au fond, d'où vient cette idée de saleté, d'impureté du sang menstruel. Pourquoi la femme réglée suscite-t-elle de la répulsion ?
Capture d'écran 28 jours |
Les témoignages abondent autour des douleurs liées aux règles, les femmes rient de l'effet dévastateur de leur cycle sur leurs humeurs, et certains hommes pensent que les femmes sont "otages de leurs hormones, pas capables de maîtriser leurs émotions". Le sujet de l'endométriose est également traité, à juste titre. De même que celui du coût des règles dans la vie d'une femme. Entre les protections périodiques, les médicaments anti-douleurs, les détachants, etc., le poste économique règles coûterait plus de 5700 euros dans la vie de chaque femme, en France. Un coût étalé sur plus de 35 ans de vie, ok, mais 5700 euros quand même. Une dépense que ces messieurs ne connaissent pas, faut-il le préciser ? Non seulement les femmes n'accèdent que difficilement à des postes importants dans les entreprises, entre autres parce que, étant femmes, elles ne sont pas capables de "maîtriser leurs émotions", mais encore leur fait-on payer lourdement la nécessité de cacher ce sang que l'on ne saurait voir... Le cacher et le taire aussi. Parce qu'évidemment, si on peut s'abstenir de dire qu'on a nos règles et que donc on ne se sent pas bien, tout le monde appréciera. Vous avez du sang sale qui s'écoule et en plus vous souffrez ? Vous ne voudriez quand même pas qu'on vous plaigne non plus, si ? Alors taisez-vous !
A juste titre, un adolescent témoignant dans ce film dit ne pas comprendre pourquoi on n'en parle pas. Il dit que les jeunes d'aujourd'hui sont en quelque sorte "immunisés contre la violence" parce qu'ils en voient tout le temps. "C'est pas un liquide rouge qui va choquer les gens", balance-t-il. Oui mais voilà, il se pourrait bien que ce soit le corps des femmes dans son intégralité qui soit tabou. Entendons-nous bien : la beauté d'un corps féminin aux courbes considérées idéales selon les critères de 2018 sera montrée bien volontiers, mais quid du corps de celles qui ne correspondent pas à ces critères ? Quid de la représentation de l'appareil génital féminin dans les manuels scolaires ? Quid aussi de la pédagogie faite autour de la compréhension de ce qui se passe dans le corps des femmes ? Parce que bon, c'est pas pour en faire des caisses, mais c'est quand même de ce phénomène normal et naturel qu'est issue toute l'histoire de l'Humanité... Pourquoi ne pas en parler ? Où est le souci ?
28 jours, un film documentaire de 30 minutes, signé Angèle Marrey, Justine Courtot et Myriam Attia et visible sur Youtube à cette adresse : 28 jours.
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