lundi 19 novembre 2018

Les gilets jaunes ou comment une urgence sociale chasse l'autre

Il ne s'agit pas ici d'exprimer d'avis sur l'intérêt ou non du mouvements des gilets jaunes, sur les tenants et aboutissants de leur combat, ni a fortiori de chercher à savoir ce que vous pensez de cette mobilisation. On serait hors sujet. Simplement, il a d'ores et déjà été annoncé que les gilets jaunes comptaient se réunir à Paris samedi prochain, le 24 novembre, avec point de ralliement place de la Concorde. Et c'est bien là le problème.

Il se trouve que cette date et ce quartier sont aussi ceux que des organisations de défense des droits des femmes avaient choisi depuis plusieurs mois. #NousToutes travaille en effet depuis le début de l'été dernier à cette marche contre les violences sexistes et pour une révolution féministe. Elles ont choisi cette date, le 24 novembre, parce que c'est la veille de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes. Elles ont mobilisé du monde et à ce stade, 50 manifestations sont organisées par elles dans toute la France avec donc, comme cortège principal supposé, celui de Paris, avec point de ralliement place de la Madeleine, à deux pas de la Concorde et si près, tout près, de l'Elysée. 



Samedi dernier, alors qu'il n'est question que du raz de marée jaune qui déferle sur la France, le couperet tombe : la mobilisation de la France jaune va continuer et appelle à une manifestation à Paris le 24. C'est le choc du côté des féministes. Que faire ? Annuler son évènement prévu de longue date ? Changer de lieu ? Ou maintenir la manif quoi qu'il arrive et s'exposer ce faisant à ce qui s'annonce comme une prémonition : les féministes seront au mieux ignoré.e.s, au pire hué.e.s par les gilets jaunes qui, montée d'adrénaline aidant, pourraient bien échanger vertement avec les féministes...

On se retrouve là presque dans une métaphore, une représentation caricaturale de ce qui se passe dans la "vraie vie". A nouveau, c'est comme si c'était fait, les combats des femmes seront tus, il n'y en aura que pour les gros bras. D'autant que dès ce week-end, ils ont donné dans la poésie, en témoignent ces trois illustrations :






A ce stade, la manifestation des féministes est maintenue, appuyée par 250 personnalités qui publient ce jour sur France Inter et Mediapart une tribune pour en finir avec les violences sexuelles et sexistes et appeler à cette marche du 24. Un podcast d'1m30 circule aussi dans le même esprit : #NousToutes dans les rues le 24 novembre.
On imagine assez peu aisément la coexistence facile de deux défilés dans des rues adjacentes, avec des mots d'ordre si peu en accord. Ce serait le mariage de la carpe et du lapin, David contre Goliath... Et tout pousse à croire que les caméras et les micros seront attirés par la couleur jaune...

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