lundi 15 octobre 2018

Stop au "female washing" !

"Une femme à la tête de la francophonie", "une femme à la tête du géant de la chimie Tartempion", "une femme à la tête de la chaîne de télé blabla", "une femme à la tête du commissariat de Trucmuche"... Dans les médias, dès qu'une femme parvient à un poste à responsabilité, on commence par dire les choses ainsi : "C'est donc une femme qui arrive à la tête de l'entreprise Machin-chose". Qu'est-ce qu'on s'en fout que ce soit une femme ! Elle a les compétences ou pas ? C'est cela qui nous intéresse. On n'annonce généralement pas la nouvelle en se contentant de dire son nom. On commence par balancer son sexe. Avant d'être une personnalité de talent à qui on confie des responsabilités, elle n'est qu'une femme, un corps autour d'un utérus.

D'aucuns vous diront que les femmes au sommet de la pyramide des entreprises sont suffisamment rares pour qu'il faille le souligner quand elles y parviennent. C'est un fait. C'est indéniable. Mais pourquoi dès le titre, pourquoi avant même leur nom ? Énoncer les choses ainsi ne fait que les réduire à leur condition de femmes.
Quand tel ou tel homme parvient à la direction d'un grand groupe, où sont les titres de presse qui insistent sur son genre ? Qui pour s'exclamer : "un homme à la tête de ..." ? Pourquoi faudrait-il le faire quand il s'agit d'une femme ?

Les femmes ont un réel besoin de rôles-modèles, dans chaque secteur professionnel, chaque sport, chaque discipline artistique, chaque groupe politique, que sais-je !  Mais ces rôles-modèles ne doivent pas être ainsi montrés du doigt. Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit : on pointe du doigt ces femmes qui parviennent à de hauts postes. Parce qu'elles sont l'exception.
Je ne dis pas qu'il serait préférable de passer sous silence l'arrivée d'une femme à un poste à responsabilités mais il ne faut pas le présenter sous le prisme de son sexe. C'est réducteur, affligeant en fait. C'est de son talent qu'il s'agit, et de ses compétences. C'est cela qu'il faut mettre en exergue. Et en aucun cas son sexe ou sa situation familiale.

Il faut des femmes à des postes d'envergure, partout, dans toutes les entreprises, les structures associatives, syndicales, les partis politiques, les clubs de sport, les mairies, les gouvernements et il faut qu'elles y parviennent en nombre et que l'on taise leur sexe. Il faut que la présence de femmes dans les hautes sphères de direction soit monnaie courante, parce que ce n'est que justice et normalité, et pas pour faire du "female washing" comme on fait du green washing pour se donner bonne conscience...

Copyright : www.lunarbaboon.com

Étonnamment, alors que je publie cet article, je tombe sur une campagne de female washing de la part des jeux Mattel, cette grande marque de jeux pour enfants, au premier rang desquels les incontournables Barbie (ahem !). A l'approche des fêtes de fin d'année, Mattel lance une campagne de communication autour des stéréotypes de genre. Plusieurs petites filles expliquent que dès l'âge de 5 ans, elles ont compris qu'elles ne seront jamais scientifiques, présidentes de grands groupes ou astronautes parce que leurs chances de le devenir sont infimes. Elles sont infimes et on ne les invite pas à aller dans cette direction. Elles dénoncent le fait que leurs parents ne leur offrent pas de jeux de science, alors qu'ils en offrent aux garçons... Bravo Mattel, on attend votre catalogue de Noël avec impatience.

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