mardi 26 juin 2018

Paroles de femmes : on a toutes une histoire au fond d'un tiroir

J'ai rencontré Babeth il y a plusieurs mois.  On se voit régulièrement mais on n'avait jamais eu l'occasion d'échanger. Jusqu'à ce que dernièrement, elle ne me demande ce que je fais dans la vie. Je lui explique mon sujet et elle se met illico à me raconter sa "mésaventure" d'il y a 8 ans, une histoire qui l'énerve encore prodigieusement et que, semble-t-il, elle n'a pas encore digérée.

En 2010 donc, Babeth travaillait pour une entreprise pour laquelle elle devait de façon relativement régulière faire des voyages à l'étranger. A son retour de congé maternité, elle observe que ses dossiers, en son absence, ont été répartis entre ses collègues. Elle n'en est pas surprise mais part du principe qu'elle va retrouver son poste. Erreur. On l'oriente vers un poste "placard" et son supérieur, sans lui demander son avis ou sa façon de voir les choses, lui indique que cela va sans dire qu'avec un bébé, elle ne va plus pouvoir partir en mission à l'étranger. L'entreprise ne mise plus sur ses talents, elle ne vaut plus un radis à leurs yeux.


Abasourdie, Babeth ne sait pas comment réagir. Elle ne parvient même pas à ne serait-ce que tenter de se défendre et comprend vite que l'entreprise ne la licenciera pas, cela leur coûterait trop cher. On attendra gentiment et patiemment que Babeth ne supporte plus son placard et parte d'elle-même. Ce qu'elle fera.

Aujourd'hui, Babeth ne saisit toujours pas pourquoi on ne lui a même pas demandé comment elle envisageait son avenir professionnel, comment elle comptait s'organiser pour parvenir à conserver son poste et à y rester impliquée. On ne lui a juste pas donné le droit d'exprimer ses envies professionnelles. On a pensé à sa place et décidé sans la consulter.

Des histoires telles que celle-là, il y en a à la pelle. Entravées dans leur carrière, punies parce que maman, punies parce que femmes. La question du rebond, en pareille situation, reste entière. Comment Babeth aurait-elle du ou pu réagir ? Faut-il ruer dans les brancards ? Envoyer son patron aux Prud'hommes ? S'accrocher coûte que coûte à son poste ? Ou anticiper et avoir une discussion franche et résolue, avant même son départ en congé maternité, avec son supérieur hiérarchique ?

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Vous avez une histoire à raconter, un témoignage à formuler, n'hésitez pas à me contacter via le formulaire de contact ou en MP sur Facebook.
(je précise que je modifie tous les prénoms des personnes qui témoignent pour préserver leur anonymat)

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