2018. Quelque part en France. Une petite fille de 5 ans raconte sa journée à sa maman. Avec sa classe, aujourd'hui, elle a rencontré le maire de la ville. Les enfants étaient impressionnés et fiers à la fois. Le maire, un monsieur qui "porte bien", d'environ 70 ans, est venu féliciter les enfants qui seront bientôt à la "grande école". Le CP, c'est pour bientôt. Il les félicite, les encourage, et les salue, un par un. La petite fille raconte : "Il a dit aux garçons que comme ce sont des hommes, il leur serre la main. Et nous, les filles, il nous a fait un bisou".
En 2018, on continue donc de dire aux petits garçons que bientôt ils seront forts, virils et que donc la poignée de main est de rigueur. Entre hommes, on ne s'embrasse pas, pensez donc. Les filles, elles, doivent donner accès à leur corps. On les embrasse, on les touche, qu'elles soient d'accord pour cela ou non. De toutes façons, on ne leur demande même pas leur avis. Une fille, ça se laisse faire, point.
Quid du petit garçon qui aurait été fier d'avoir un bisou du maire ? Quid de la petite fille qui aurait préféré une poignée de main, voire aucun contact physique du tout ? Comment se fait-il que l'on en soit toujours là ? Comment se fait-il que l'on continue à véhiculer ce genre d'images d'un autre temps et que l'on contraigne les enfants à accepter d'être embrassé par le monsieur qu'ils ne connaissent même pas ? Pourquoi une fille devrait nécessairement se laisser embrasser sous prétexte qu'elle est une fille ? Ce genre de choses est tellement ancré que l'on n'y prête plus attention. Et pourtant, c'est lourd de sens : on intègre l'idée qu'il est normal et naturel que les hommes embrassent les filles si tel est leur bon vouloir. Et ce, dans le cas présent, dans l'enceinte même de l'école...
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