"Je désire que chaque femme puisse mener une vie qui revêt du sens à ses yeux et qu'elle puisse effectuer des choix valorisés". Dans un texte intitulé Maternité, travail, féminisme, la sociologue québécoise Annie Cloutier - dont j'ai déjà parlé ici - pose que "chaque femme n’a pas nécessairement le choix de passer moins de temps au
travail rémunéré et plus de temps auprès de ses enfants, mais toutes les
femmes n’ont pas nécessairement le choix d’occuper un emploi
intéressant non plus". En revanche, ajoute-t-elle, "plus de femmes que ce que les théories
féministes admettent généralement ont le choix bien réel de travailler
moins et de mettre leurs revenus en commun avec ceux de leur conjoint
afin de vivre une vie familiale qui ait du sens pour elles". Elle enfonce le clou : "le modèle
normatif de la superfemme qui concilie famille et travail avec succès
est inspirant, mais il ne convient, dans la réalité, qu’à peu de femmes.
Plusieurs de celles qui essaient de se montrer à la hauteur de cet
idéal, semaine après semaine, se disent épuisées, coupables, découragées". A l'appui de ce propos, de ce côté-ci de l'Atlantique, une enquête Ipsos réalisée au printemps 2014 pointait le fait que pour 44% des femmes françaises, il est impossible de concilier correctement vies professionnelle et familiale.
Rien à voir donc avec le slogan "Have it all" de Sheryl Sandberg qui vous pousse à devenir de grandes ambitieuses. Plus mesurée, l'universitaire américaine Anne-Marie Slaughter considère que nous pouvons, femmes et hommes, opérer nos choix en conscience. Dans une conférence TED de juin 2013, elle va même plus loin. Pour elle, dans le monde du travail, l'égalité entre les sexes revient à prendre la famille en considération au même titre que le travail. Et pas seulement s'agissant des femmes. Cette prise de conscience doit valoir pour les deux sexes. Elle ajoute : "si la famille vient en premier, le travail ne vient pas en second". Les deux font partie d'un tout : la vie. "Si vous travaillez pour moi", dit-elle, "et que vous avez un problème familial, j'attends de vous que vous le régliez. Et j'ai confiance dans le fait que votre travail sera fait, et même mieux fait". Selon elle, les salariés qui doivent rentrer à la maison pour prendre soin de leur famille sont plus concentrés, plus efficaces. Elle se place dans une philosophie gagnant-gagnant et milite pour que la culture de l'entreprise évolue en ce sens.
Lire, sur le même sujet :
- Les choix et les non-choix
- Vie pro/vie perso : la difficile équation
- Ambitions professionnelles versus désir d'enfant
- Au Japon, entre le travail et la maternité, il faut choisir
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