Il y a deux ans, jour de rentrée
scolaire, je rencontrais une femme, nouvelle arrivée dans la ville et mère de
deux enfants, âgés de 6 et 2 ans. Manifestement inquiète, une des premières
choses qu’elle m’a demandée a été : « Que
fais-tu de tes enfants entre le moment où ils rentrent de l’école et le moment
de les coucher ? » Un peu stupéfaite par la question, je me
souviens lui avoir répondu, sans doute un peu comme si je m’adressais à un
énergumène un peu bizarre : « Euh,
comme tout le monde : je leur donne un goûter, ils jouent, font leurs
devoirs s’il y en a, ils se douchent, puis dînent, une histoire et au
lit ». Ça me semblait tellement hallucinant comme question que je n’ai
pas compris.
Enfermée dans mes certitudes,
cette femme m’a semblé une extra-terrestre… jusqu’à ce qu’elle m’explique
qu’elle n’avait jamais vraiment eu à s’occuper de ses enfants. Que jusque-là,
elle vivait dans une de ces parties du monde où, quand on est blanc ou en tout
cas issu d’un milieu social un tant soit peu favorisé, on a forcément une
nounou – voire plusieurs – qui se charge de vos enfants. A temps plein. Qu’elle
pouvait, sur un coup de fil d’une copine pour aller prendre un café, annoncer
de but en blanc à sa nounou qu’elle s’absentait, et que celle-ci ferait le
nécessaire pour les enfants sans qu’il y ait besoin de s’en soucier.
Ca ne faisait pas de cette femme
une mauvaise mère. Elle n’était pas maltraitante ou négligente envers ses
enfants, elle était aimante. Simplement, dans le monde dans lequel elle avait
vécu jusqu’alors, elle était femme avant tout, et mère ensuite. C’était comme
ça. Elle devait donc désormais apprendre, un peu sur le tard, ce que ça
implique en Europe que d’être une maman. Sa question m’avait semblé délirante,
alors qu’elle témoignait simplement de cet état de fait : on ne
s’improvise pas maman, on apprend à le devenir. Ce n’est pas, contrairement aux
croyances générales, quelque chose d’inné. Et selon la partie du monde où l’on
vit, cela ne revêt pas nécessairement les mêmes « compétences ».
Jusque-là, elle ne partageait
finalement que les bons moments avec ses enfants, ayant la possibilité de
passer le relais à sa nounou dès que la fatigue se faisait sentir, que sa
patience en avait pris un coup ou autre. Et pouvait tout à loisir passer du
temps privilégié avec un seul de ses enfants pendant que l’autre était choyé
par la nounou. Luxe qui allait être beaucoup plus compliqué d’avoir en Europe.
Elle se sentait livrée à elle-même, prenant subitement conscience qu’elle
n’était en quelque sorte pas formée pour cette vie-là. Elle allait devoir
apprendre. Et vite.
Nous évoluons, nous apprenons, nous grandissons dans notre rôle
de parent à mesure que nos enfants grandissent, que les difficultés et les
bouleversements se présentent. Elle avait pris six ans de retard et allait devoir se former en accéléré. Mais ça ne faisait pas d'elle une mauvaise mère.
Lire aussi :
Et cette nounou, on pourrait pas l'avoir ne serait-ce qu'une semaine par an ????
RépondreSupprimerMais pourquoi juste une semaine???
SupprimerTout se finance... ;-)
RépondreSupprimer