mardi 3 mars 2020

Consentement : l'égalité entre les sexes passe aussi par là.

Si je vous dis de but en blanc que la majorité des femmes sait d'expérience ce qu'est un rapport sexuel non consenti, ça vous fait quoi ? La question du consentement est omniprésente en 2020. Les femmes commencent à ouvrir les yeux et à prendre conscience de ce qu'elles vivent, elles apprennent à regarder en face leur propre vie, et partant, leur vie sexuelle. Elles mesurent peu à peu ce qu'elles subissent. Il n'est pas question de violence au sens courant du terme, mais cela reste une forme de violence quand même. Parce que ça se fait dans le silence, sans coups. Ça se fait simplement, parce qu'elles n'ont pas dit oui mais que leur partenaire - qu'il soit régulier ou du moment - se sent dans son droit, ou à tout le moins, ne se pose pas la question. Elles n'ont pas dit non, non plus. L'interprétation du moment, du coup, diffère entre l'homme et la femme. Il part du principe que "qui ne dit mot consent", elle cède. Mais ce qui semblait aller de soi depuis que le monde est monde commence à ne plus l'être.



C'est le collectif Nous toutes qui a réalisé cette enquête en février, auprès de 100.000 femmes françaises. Les résultats sont stupéfiants. Neuf femmes sur dix disent avoir subi une pression pour avoir un rapport sexuel. Une sur six révèle que son premier rapport sexuel n'était ni désiré, ni consenti. Dans 36.5% des cas, ce premier rapport a eu lieu avant que la jeune fille ait atteint ses quinze ans...

S'il faut garder à l'esprit qu'il ne s'agit pas là d'une enquête statistique fiable étant donné que Nous toutes a organisé cette enquête via son fil Twitter et que donc, n'ont vraisemblablement répondu que les femmes déjà sensibilisées au sujet ( => biais de sélection des répondantes), ces résultats témoignent quoi qu'il en soit d'une réalité qui doit être entendue et à tout le moins, questionnée. Ainsi que le dit Caroline de Haas, "qu'est-ce qui se passe, dans les couples, pour que 100.000 personnes témoignent, pour la moitié d'entre elles, avoir été victimes de ce qui pourrait s'apparenter à un viol?"



Très justement, Caroline de Haas analyse que si l'on cherche à aller vers une société plus égalitaire dans les domaines professionnels, la vie domestique, etc, alors il faut traiter aussi la question de la sexualité. Si les femmes demeurent soumises par défaut de consentement aux désirs de leur compagnon quand la porte de la chambre est refermée, comment pourraient-elles s'émanciper, s'épanouir et s'affirmer dans le reste de leur vie ?

Ceux qui ne veulent pas voir dénoncent ce qu'ils appellent une mode de la victimisation. Forcément. On peut tout aussi bien se dire que c'est partant de constats tels que ceux-là, avec ces chiffres-là, aussi effrayants soient-ils, que l'on est armé pour se retrousser les manches et faire évoluer la société vers plus de reconnaissance des droits des femmes. Il résulte de cette enquête une nécessaire prise en main des questions d'éducation à la sexualité, d'éducation au consentement, au respect de l'autre, du corps de l'autre.

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