Quand des individus se sentent en danger, leur réflexe consiste à se regrouper - excepté dans Scoubidou où les cinq personnages ont plutôt l'idée saugrenue de faire cinq équipes de un...
Unis, on est plus forts, c'est bien connu. Et c'est la raison pour laquelle, de tout temps, et en toutes circonstances, les êtres humains ont évité de rester isolés quand ils se sentaient menacés. On se serre les coudes face à l'adversité. Il en va de la survie de l'espèce.
C'est en vertu de ce principe que Constance Hall racontait la semaine dernière la journée nulle qu'elle avait passée, considérant qu'elle n'était pas seule et que son témoignage pourrait en consoler d'autres (lire ici : La vraie vie est remplie de journées de merde). C'est aussi dans cet esprit que les hashtags #balancetonporc et #metoo ont été créés à l'automne dernier ou que des réseaux professionnels exclusivement féminins se développent (lire par exemple ici : Les femmes prennent la parole et ici : Faut-il célébrer les mompreneurs ?).
Mais à trop vouloir se protéger, ne risque-t-on pas de s'enfermer dans un carcan contre-productif ? Dans certains pays, comme au Brésil par exemple, aux heures de pointe, des wagons de métro sont réservés aux femmes. De cette façon, elles ne risquent pas les attouchements d'hommes trop entreprenants.
Des clubs de lecture féminins se développent depuis quelques années, à l'instar de "Our shared shelf", de l'actrice et ambassadrice de l'Onu-Femmes Emma Watson qui compte près de 215.000 membres, ou en France ceux de Cheek magazine ou de My little Paris. Globalement, on y célèbre les auteures, la pensée féministe et la place des femmes dans la littérature. On lit tout cela et on échange ses idées autour de ces thèmes. Très bien. Si ce n'est qu'en excluant a priori la participation des hommes, on ne s'autorise pas à écouter leur(s) point(s) de vue. Fâcheux.
Voyons le bon côté des choses : grâce à son groupe de lecture, Emma Watson a découvert Persepolis, de Marjane Satrapi |
Dernièrement, j'ai aussi appris qu'il existe une "agence de voyages" dédiée aux femmes. Copines de voyage propose en effet des séjours plus ou moins longs à l'étranger, pensés par et pour des femmes. Copines de voyage se présente comme une "communauté" et se targue de regrouper pas moins de 360.000 femmes. L'agence promet : "Du citybreak à partager le temps d’un week-end au long séjour dans une
contrée lointaine, nos voyages vous permettront de retrouver les
ingrédients clés d’un voyage au féminin : du partage, du sens, de la
sécurité et du fun !" De la sécurité. Voyager entre copines, dans certains pays du monde, peut en effet être un peu compliqué en termes de sécurité. Ici, on vous protège.
Reprenons.
Quand on ne se sent pas à l'aise, un peu en danger, on se regroupe pour se sentir plus forts. En l'occurrence, les femmes se serrent les coudes. C'est l'instinct de survie. Mais c'est à courte vue. En procédant de la sorte, on ne résoud pas le problème. On fait simplement l'autruche. Pourquoi ne prend-on pas le sujet par l'autre bout ? Pourquoi évince-t-on catégoriquement la source du danger ressenti, à savoir les hommes ? Pourquoi ne fait-on pas le choix d'effacer ce danger, en travaillant à résoudre cette difficulté avec les principaux concernés que sont les hommes ? Avec #balancetonporc et #metoo, on est parvenus au moins à cela : susciter le débat, éveiller le doute chez les hommes, leur permettre de réfléchir à leurs comportements. Cela participe du mieux vivre ensemble. C'est salutaire. L'entre-soi a ses limites. Organiser une vie, une pensée féminines avec des oeillères, en évinçant les hommes, est dangereux. Un peu comme un pays qui fermerait ses frontières à toute immigration possible. On exclut toute forme de discussion et toute possibilité de progrès. C'est confortable dans l'immédiat mais ça ne laisse pas imaginer des lendemains meilleurs...
Lire aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire