lundi 27 juin 2022

Avortement : ne jamais préjuger de l'avenir

Comment se peut-il que la plus grande puissance mondiale devienne rétrograde ? Partant du constat que le droit à l'avortement , auquel les Américaines ont accès à partir de 1973 - soit il y a un demi-siècle - n'est pas un principe constitutionnel, la Cour suprême des États-Unis vient non pas d'interdire l'IVG, mais de renvoyer aux États la possibilité d'adopter leur propre législation en matière d'accès l'avortement. Les États conservateurs en rêvaient et on estime aujourd'hui que près de la moité des États vont interdire l'avortement.


Par mesure de précaution, des parlementaires de partis différents souhaitent, en France, inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution. Si d'aucuns se demandent pourquoi l'actualité outre-Atlantique devrait dicter les débats de la vie politique française, il me semble au contraire hautement symbolique, juste et de bon aloi d'asseoir la force de ce droit, aujourd'hui et maintenant, dans le texte de référence de notre pays. Il ne faut jamais préjuger de l'avenir et partit naïvement du principe que ce qui se passe de l'autre côté de l'océan ne pourrait pas nous atteindre. D'autant que restreindre le droit à l'avortement ne signifie pas restreindre le nombre d'avortements. Des femmes continueront d'avorter, partout, que ce soit légal ou pas. Ces IVG se feront alors dans des conditions dévastatrices.

En revenant sur un droit primordial, les États-Unis me font penser à la "république de Gilead", telle qu'imaginée par l'autrice Margaret Atwood dans "la Servante écarlate" : un pays dans lequel le corps des femmes n'importe que pour ses capacités reproductrices, un pays où les femmes sont systématiquement violées à cette seule fin, mettre au monde des enfants. La première puissance mondiale ne peut décemment pas sombrer dans une telle faillite morale.


Lire aussi :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire