mardi 9 novembre 2021

Violences faites aux femmes : la question de l'avortement reste pleine et entière

Le corps des femmes demeure un sujet. Et cela vaut pour le corps des femmes enceintes. On l'a vu ces derniers jours, la Pologne s'écharpe sur cette question. Dans ce pays, l'accès à l'avortement est hyper restreint. Une femme, Izabela, est morte d'une septicémie, alors qu'elle était enceinte, que son bébé était porteur de malformations et que les médecins avaient refusé d'avorter cette femme (lire ici : Avortement en Pologne : manifestation à Varsovie après la mort d'une femme enceinte). Ce scandale montre combien les femmes n'ont toujours pas la maîtrise de leur corps, elles ne sont pas décisionnaires de ce qui s'y passe. On décide pour elles, on les soumet, on les fait souffrir. Et on restreint ça et là les conditions d'accès à l'avortement. 

Si vous avez regardé ce week-end le documentaire consacré à l'ère Trump sur France 5 autour des Fake news (voir ici : La fabrique du mensonge), vous avez sans doute découvert, comme moi, ce personnage hallucinant qu'est Lila-Rose, cette jeune femme à l'origine de la création du mouvement Live action. Cette activiste anti-avortement est à elle seule à l'origine des marches arrières opérées dans les Etats américains en matière de législation autour des interruptions de grossesse. Parce qu'elle maîtrise comme personne l'art de la communication, parce qu'elle n'a pas peur de propager des rumeurs et fausses informations choquantes, elle a su faire en sorte de limiter les possibilités d'avorter de millions de femmes américaines. Ce documentaire est sidérant. Il montre combien le pouvoir de nuisances de quelques personnes suffit à contraindre la liberté de millions d'autres, cette liberté étant en l'occurrence celle des femmes à disposer de leur corps comme elles l'entendent.

Lila-Rose, activiste anti-IVG

D'un certain point de vue, la France ne fait pas particulièrement mieux. Depuis un mois, des gynécologues-obstétriciens sont montrés du doigt, depuis que le professeur Emile Daraï, de l'hôpital Tenon à Paris, est visé par des plaintes de patientes. On lui reproche sa brutalité, on lui reproche de pratiquer des touchers vaginaux et rectaux sans s'être assuré du consentement des patientes. Le parquet de Paris a ouvert un enquête pour "viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans". Et le collège national de gynécologie et obstétrique de parer les coups en publiant à la va-vite une charte de bonnes pratiques mettant en avant la notion de consentement. Oui, il faut s'assurer que les femmes soient ok avant tout acte sur leur corps et oui, c'est à elles de décider de ce qui s'y fait ou non. Comment se peut-il encore que dans certains cerveaux étriqués, reste vive l'idée que le corps des femmes peut être malmené à loisir et que l'on puisse décider pour elles ce qui s'y passe ?

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