mardi 16 juillet 2019

Dans la souffrance de l'enfantement

A une autre époque, comme de nombreuses femmes, je serais morte en couches. Mon premier accouchement a été très long, trop long. Mais j'ai eu la chance d'être suivie par des professionnels qui, bien qu'insuffisamment nombreux, ont été vigilants, attentifs à mon état, présents, à l'écoute. En un autre temps, je serais morte. Mais parce que mon accouchement se passait au début du 21è siècle, tout s'est, au fond, bien passé.

Ce qui fût le cas pour moi n'est cependant pas le lot commun. Tout le monde connait des femmes traumatisées par leur accouchement et le film documentaire signé Ovidie et diffusé par Arte ce soir (ou en replay ici : Tu enfanteras dans la douleur) le donne aussi à voir. Très nombreuses sont les femmes qui dénoncent des maltraitances obstétricales. Certaines vont jusqu'à parler de viol. Ces femmes décrivent des situations de douleur épouvantable où elles imploraient le médecin d'arrêter de les faire souffrir. Elles fustigent l'absence d'écoute et de bientraitance de la part des professionnels de santé des maternités.



"Ce n'était plus un accouchement, c'était une scène de massacre", raconte cette femme qui va jusqu'à considérer que la gynécologue faisait "la garagiste". Cette mère et d'autres témoignent de défaillances des anesthésies, de césariennes faites à vif, de sutures réalisées également à vif.

La difficulté dans ce domaine, comme souvent, c'est que l'on ne parle que des trains en retard et que du coup, on donne le sentiment que toute la profession est maltraitante, ce qui, fort heureusement, n'est pas le cas. La difficulté, disent les professionnels du secteur, c'est qu'ils ne sont pas assez nombreux, qu'ils travaillent dans des établissements à la recherche constante d'économies, qu'ils ne disposent plus des moyens suffisants pour que tous les accouchements se passent bien. D'autant, rappelle une sage-femme, que l'accouchement n'est pas une maladie. Pour bien faire, il ne faudrait donc pas la considérer comme telle. Et comprendre que dans le domaine de l'obstétrique, 80% du travail se fait dans l'urgence. On ne peut rien planifier. Devoir travailler à l'économie, dans ce contexte, est incompréhensible. La maltraitance obstétricale cessera quand les maternités disposeront de moyens suffisants et qu'enfin, les soignants pourront se consacrer entièrement à ce qui compte vraiment : le bien-être des mamans et des bébés.

"Tu enfanteras dans la douleur", un documentaire d'Ovidie. 59 minutes. 2019

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