jeudi 11 octobre 2018

Les gynécologues, ces tueurs à gages

On connaissait le positionnement de l'église catholique à propos des avortements. On n'est donc pas surpris que le pape François continue de manifester son opposition de principe aux interruptions volontaires de grossesse. Mais il y a manière et manière de l'exprimer. Hier, place St-Pierre à Rome, il a demandé : "Comment un acte qui supprime une vie innocente et sans défense peut-il être thérapeutique, civil ou simplement humain ?" Jusque-là, rien qui sorte de l'ordinaire. Puis il ajoute : "Je vous le demande, est-il juste de mettre fin à une vie humaine pour résoudre un problème ? Qu’en pensez-vous ? Est-ce vrai ? Est-ce vrai ou pas ? Est-il juste de louer un tueur à gages pour résoudre un problème ?"

En l'occurrence, les tueurs à gages sont donc les professionnels de santé qui pratiquent les IVG. Un propos qui va dans le sens de ce que disait en France le mois dernier le Dr Bertrand Rochambeau, président du syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) qui assimilait les avortements à des homicides.

John Travolta et Samuel L. Jackson, Pulp fiction (1994)

Mais l'expression de "tueur à gage" va encore plus loin. C'est comme si le pape pointait du doigt tous les professionnels de santé concernés et en faisait des criminels. Une idée qui choque jusqu'à Christine Boutin, pourtant d'accord avec lui sur le fond du sujet.

En chœur depuis 24h, nombre de personnalités publiques, de femmes, de représentant.e.s d'associations diverses et variées à travers le monde dénoncent ces propos d'une violence incroyable et rappellent que des femmes meurent tous les jours parce qu'elles sont contraintes d'avorter de façon clandestine. On ne peut pas forcer une femme à porter un enfant dont elle ne veut pas. Pourtant, dans nombre de pays encore, le recours à l'avortement est illégal. Parfois, il a été légalisé mais des lois reviennent sur ce droit et l'accès à l'IVG recule. En Argentine, en Pologne, aux Etats-Unis, entre autres, le sujet est toujours explosif. En France, depuis des années, les statistiques demeurent relativement stables : on recense en effet autour de 200.000 IVG chaque année. Gageons que dans un pays qui a panthéonisé Simone Veil, laquelle énonçait devant une Assemblée nationale toute masculine en novembre 1974 qu'"aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement" (lire ou relire ici : Simone Veil : "une conviction de femme"), on ne reviendra pas, jamais, sur ce droit. Gageons que demeurera cette idée de la liberté des femmes à disposer de leur corps.



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