lundi 8 novembre 2021

L'homophobie et le sexisme : "des trucs de darons"

Ovidie publie "Les coeurs insolents". Il a plusieurs fois été question de cette femme sur ce blog, tant elle est prolixe sur les sujets qui lui tiennent à coeur, à savoir ce qui touche de près ou de loin au corps des femmes, à la sexualité. A la faveur de la promotion de son nouveau livre, elle s'exprime assez largement ces derniers jours et décrit le gap qui s'est opéré entre notre génération, née entre 1975 et 1985 grosso modo, et celle de nos enfants. Elle vante les mérites de cette dernière génération, à "1000 kilomètres devant nous sur bien des sujets". Elle rappelle par exemple que nous, les adolescents des années 90, n'avions aucune connaissance de tout un tas de réalités. Nous ne parlions pas de harcèlement, nous ne parlions pas de sexisme, nous ne parlions pas d'homophobie, nous ne parlions pas de viol. 

A l'époque, la représentation que nous avions du viol, c'était l'inconnu de le ruelle sombre. En aucun cas nous n'imaginions possible un viol par quelqu'un de notre entourage et encore moins un viol par notre petit copain. L'idée du consentement était impensable. Ovidie considère que nombre d'hommes de notre génération ont "du viol ordinaire sur les mains" parce que peu soucieux, à l'époque, du consentement, parce qu'ils auraient profité que leur copine avait un peu trop bu pour avoir des relations sexuelles avec elle, etc.

 

Aujourd'hui, assure-t-elle, et c'est de son point de vue à mettre au crédit des réseaux sociaux, les adolescents sont au fait de toutes ces questions. Pour eux, l'homophobie et le sexisme sont "des trucs de darons", des histoires ringardes au-delà desquelles ils sont passés. L'autrice les voit comme une "génération porteuse d'espoirs"

Toutes ces notions sont entrées dans le langage grâce aux réseaux sociaux, lesquels ont "permis de poser des mots sur des réalités et donc de prendre acte de ces réalités". "Nous, ajoute-t-elle, on mettait un mouchoir dessus, on faisait comme si ça n'existait pas". Et pour cause, nous n'avions pas été briefées sur ces questions-là. Personne ne nous avait dit que l'on pouvait dire non, que notre corps nous appartenait. Une résultante, peut-être, un contre-coup vraisemblable des années de libération sexuelle de nos parents. "Il est interdit d'interdire", pensaient-ils. La génération de nos enfants rebat les cartes sur tous ces sujets, et c'est tant mieux. Même si, du point de vue d'Ovidie, cela met d'autant plus en exergue le fait que notre génération se caractérise par le fait d'être "sans identitté culturelle propre". "On est une génération qui offre l'image d'une jeunesse qui n'a rien fait de majeur". Ouf, nous avons au moins su impulser une génération meilleure et bien plus enthousiasmante que la nôtre.

Lire aussi :
- Dans la souffrance de l'enfantement . Si vous l'avez raté à l'époque, le documentaire d'Ovidie sur les violences gynécologiques est à nouveau disponible sur le site d'Arte : Tu enfanteras dans la douleur

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