Connaissez-vous Abnousse Shalmani ? J'ai découvert cette écrivaine d'origine iranienne il y a deux ans, au travers d'une conférence TED diffusée sur Youtube. Pendant un quart d'heure grosso modo, l'auteure de "Khomeiny, Sade et moi" établit des parallèles entre son enfance iranienne - et l'obligation de porter le voile, alors qu'elle n'a que six ans, pour aller à l'école - et la vie à la française, ce pays où elle pensait, en arrivant avec ses parents au milieu des années 80, rencontrer des Simone de beauvoir à tous les coins de rue.
Abnousse Shalmani est énervée. Comment un pays qui a connu Olympe de Gouges et sa déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne - et qui certes n'a pas trouvé mieux à faire que de guillotiner cette femme - peut-il avoir autant de mal à avancer sur le chemin de la libération des femmes ? En cette rentrée, Abnousse Shalmani s'est exprimée dans les medias sur ce sujet. Ainsi, dans l'hebdomadaire Marianne (numéro du 1er septembre 2017), elle écrit : "Ne drapez jamais le corps des femmes de dignité, de respect, de morale.
Cela se retournera toujours contre vous. Notre liberté ne peut trouver
sa source que dans l'irrévérence, l'insoumission, l'impudeur. Car la
liberté est avant tout un grand éclat de rire contre la bigoterie, mère
de tous les préjugés qui emprisonnent les femmes." Notre liberté, dit-elle, est d'abord celle de notre corps. Cessons d'être discrètes, sages et coquettes. Soyons entières, ayons un langage fleuri au besoin, n'ayons pas honte.
Au printemps dernier, dans les colonnes de Vanity fair, elle militait aussi pour un féminisme individuel. Considérant le collectif comme "une illusion", elle expliquait que "la prise de conscience individuelle est possible" et qu'elle peut se faire, notamment, par l'art. Et de préciser : "en gros, Game of Thrones
fait beaucoup plus pour les droits des femmes que n’importe quel
rassemblement féministe. Cette série en déployant un panel sublime de
personnages féminins forts, force la catharsis, plante une graine dans
les esprits. Et petit à petit les lectrices, les spectatrices se disent :
et si c’était possible ? La fiction pose à chaque femme une simple
question : pourquoi ne méritez-vous pas d’être libre ? Qu’est-ce qui
vous empêche de faire carrière, de faire un enfant, de porter une
mini-jupe, de devenir patronne, de dire merde crotte chiotte, d’endosser
un costume de guerrière, de vous envoyer en l’air quand vous voulez ?
Bien sûr, c’est la culpabilité, la honte d’être mère et de faire
carrière quand même, la honte de passer pour une salope, la honte d’être
femme en somme, sans cesse entretenue par ces débats féministes sans
fin où le corps est torturé par des mots qui le limitent, l’accusent, le
chargent. La fiction, l’art offrent un monde où la culpabilité est
évacuée, où la femme est envisagée autrement."
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